Poésies (Poncy)/Vol. 1/Une vague

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PoésiesI (p. 104-105).

UNE VAGUE



La voyez-vous venir ! Comme elle se replie,
Et comme elle grandit ; … comme elle multiplie
Les sillons de son front ;
Et comme elle obéit à la noire tempête
Qui, pareille à l’éclair, a fait surgir sa tête
D’un abîme sans fond !

Telle qu’un long serpent qui poursuit une proie
Et qui siffle en rampant, elle rugit de joie
À l’approche des rocs
Dont les pieds calcinés ceignent la vaste plage ;
On dirait qu’elle veut, brisant contre eux sa rage,
En dissoudre les blocs !


La voilà près du bord. Son front mouvant frissonne.
Se hérisse dans l’air ; sa masse d’eau bouillonne
Dans ses verdâtres flancs ;
Elle heurte le roc où l’onde en courroux fume ;
Et l’on prendrait les jets de son casque d’écume
Pour des panaches blancs.


Elle monte en fumée, en pluie elle retombe,
Puis elle rebondit et, pareille à la trombe,
Tourbillonne dans l’air.
Enfin, comme un lion au seuil de sa tanière,
Elle secoue au vent son humide crinière
Et rentre dans la mer.



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