Poésies de Benserade/Alors la muse fatiguée

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Poésies de Benserade, Texte établi par Octave UzanneLibrairie des bibliophiles (p. 71).



SONNET.


Alors la Muse fatiguée
Me dit, c’en est trop, finissons :
Je pars, et ma faveur briguée
M’appelle à d’autres nourrissons.

Chacune fera des façons,
Pour se voir icy distinguée,
Et prétendra dans vos chansons
Estre en bonne part alléguée.

Mille et mille, quelle pitié !
Vont s’attribuer la moitié
D’un ouvrage tel que le vôtre,

Qui cependant, faute d’appas,
Vont prendre une moitié pour l’autre,
Et ne s’en apercevront pas.