La Jeunesse blanche (1913)/Pour la gloire de Mallarmé

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La Jeunesse blancheEugène Fasquelle - Bibliothèque Charpentier (p. 201-202).


POUR LA GLOIRE DE MALLARMÉ


 
C’est tout mystère et tout secret et toutes portes
S’ouvrant un peu sur un commencement de soir ;
La goutte de soleil dans un diamant noir ;
Et l’éclair vif qu’ont les bijoux des reines mortes.

Une forêt de mâts disant la mer ; des hampes
Attestant des drapeaux qui n’auront pas été ;
Rien qu’une rose pour suggérer des roses thé ;
Et des jets d’eau soudain baissés, comme des lampes !


Poème ! Une relique est dans le reliquaire,
Invisible et pourtant sensible sous le verre
Où les yeux des croyants se sont unis en elle.

Poème ! Une clarté qui, de soi-même avare,
Scintille, intermittente afin d’être éternelle ;
Et c’est, dans de la nuit, les feux tournants d’un phare !


1896