Premières poésies (Évanturel)/L’Inconnue

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Augustin Côté et Cie (p. 17-18).



L’INCONNUE



Elle vient se cacher avec les hirondelles,
Dont le vol fuit les feux d’un soleil africain,
Tous les jours, en juillet, sous l’ombre des tonnelles,
À midi, quand il fait trop chaud dans le jardin.


Triste quand elle passe, elle revient joyeuse.
Je l’ai surprise, un jour, assise sur un banc,
Seule, le pied caché dans la mousse amoureuse.
Et les yeux suspendus aux feuillets d’un roman.



— Étrangère ?
Étrangère ? — Qui sait ?
Étrangère ? Qui sait ? — Elle ignore qu’on l’aime ;
Car sous ce dôme vert où je vais tant de fois,
Elle passe toujours sans oser laisser même.

Son mouchoir ou son gant sur le vieux banc de bois.