Premières poésies (Évanturel)/L’Opticien

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Augustin Côté et Cie (p. 83-84).



L’OPTICIEN



DANS un certain faubourg, où brillent les échoppes
Des charcutiers ventrus et des petits marchands,
Je sais un opticien bien connu des myopes,
Qui tient boutique au moins depuis plus de trente ans.


Dans l’art de savoir plaire aux femmes, passé maître,
Quoique voûté, le vieux au teint frais et vermeil,
Sourit quand elles vont voir si le baromètre
Marque le mauvais temps ou marque le soleil.



Dans les grandes chaleurs que l’été nous rapporte,
Tranquillement assis du matin jusqu’au soir,
L’opticien, comme un Turc, fume devant sa porte,
Au nez des bons bourgeois passant sur le trottoir.