Premières poésies (Évanturel)/Promenade

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Augustin Côté et Cie (p. 51-52).



PROMENADE



J’ADORE voir lever le jour après la pluie.
Le soleil a troué le nuage et s’essuie,
Radieux comme un Turc au sortir de son bain.
La ville est endormie, on s’en va dans la plaine,
Aspirer les senteurs dont la campagne est pleine
Au premier rayon d’or que sème le matin.


De beaucoup, je préfère une aurore automnale.

La fenêtre du jour, sur un rouge plus pâle,
S’entr’ouvre et lance au loin des rayons jaunissants.

C’est le temps d’aller voir s’habiller les fleurs bleues.
L’on fait, sans le savoir, en rêvant, plusieurs lieues
Dans les herbes, le long de sentiers ravissants.


C’est un matin d’octobre un peu mélancolique.

L’heure passe. On revient par la route publique.
Le soleil est plus haut — le vent s’est réchauffé.
Les piverts ne sont plus dans la forêt rougeâtre ;
Et l’on songe, en marchant, au fauteuil près de l’âtre,
Qui s’ennuie — et surtout à son bol de café.