Premier recueil de diverses poésies tant du feu sieur de Sponde que des sieurs Du Perron, de Bertaud, de Porchères et autres, non encor imprimées, recueillies par Raphaël Du Petit Val, 1604/Les Amours/Sonnet VI

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, François d'Arbaud de Porchères
Premier recueil de diverses poésiesImprimerie Du Petit Val (p. 9).

VI.


Mon Dieu, que je voudrois que ma main fust oisive,
Que ma bouche et mes yeux reprissent leur devoir
Escrire est peu : c’est plus de parler & de voir
De ces deux œuvres l’une est morte & l’autre vive.

Quelque beau trait d’amour que nostre main escrive,
Ce sont tesmoins muets qui n’ont pas le pouvoir
Ni le semblable poix, que l’œil pourroit avoir
Et de nos vives voix la vertu plus naïve.

Mais quoy : n’estoyent encor ces foibles estançons
Et ces fruits mi rongez dont nous le nourrissons
L’Amour mourroit de faim et cherroit en ruine :

Escrivons attendant de plus fermes plaisirs,
Et si le temps domine encor sur nos desirs,
Faisons que sur le temps la constance domine.