Rational (Durand de Mende)/Volume 1/Deuxième livre/Chapitre 03

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 1p. 179-181).


CHAPITRE III.
DU PSALMISTE.


I. On donne parfois au psalmiste le nom de tonsuré, comme le montre évidemment la Constitution d’Innocent III ; parfois aussi celui de clerc. Voilà pourquoi il est dit, dans une lettre du même Innocent, qu’un abbé qui a reçu la bénédiction sacerdotale peut, dans son monastère, donner la tonsure cléricale par laquelle l’ordre de clerc est conféré, et celui qui en est revêtu reçoit le nom de psalmiste. Il est encore compris de la même manière dans le Canon du pape Léon, et on l’y trouve dans la série des autres ordres. Suivons par ordre et d’une manière claire ce que la sainte Église romaine dit en parlant des rangs des clercs : « Les clercs, les portiers, les lecteurs, etc. » Or, il est indubitable que les psalmistes sont compris dans ce passage sous le nom de clercs. On donne aussi quelquefois à cette charge le nom de cantorat, d’où vient qu’on lit ces mots dans le Concile de Tolède : « Le psalmiste, c’est-à-dire le chantre, peut être investi de son office par l’ordre du prêtre, sans que l’évêque en soit informé et y consente. » Le prêtre doit seulement lui dire, en le revêtant de cette fonction : « Fais attention que tu dois croire dans ton cœur ce que tu chantes de bouche, et sceller par tes œuvres ce que tu crois de cœur. »

II. Assurément, comme dans la plupart des sacrés canons et surtout dans le quatre-vingt-treizième (A diacono, l. xxvii, dist., c. i, et ii, et iii), après qu’il a été fait mention des autres ordres, il n’est rien touché de celui-ci : il s’ensuit que tous les autres sont donnés solennellement par les seuls évêques, tandis que celui-là peut être conféré par le prêtre. Voilà donc pourquoi le plus grand nombre des auteurs assure que ce n’est pas un ordre, mais une charge, quoique celui qui l’a reçue des mains de l’évêque reçoive, en même temps que cet office lui est conféré, le privilège de la cléricature.

III. On donne à cet officier ou clerc le nom de psalmiste, à cause des psaumes qu’il doit réciter ou de l’office de chanter (psallendi), comme on le dira au chapitre du Lecteur. En effet (selon [saint] Isidore), c’est à lui qu’il appartient de chanter, dédire les bénédictions, c’est-à-dire [Benedicamus Domino], « Bénissons le Seigneur ; » les louanges, c’est-à-dire [Allelu-ia], « Louez Dieu ; » ou : « Le Christ a vaincu, le Christ règne, le Christ gouverne » [Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat] ; le sacrifice, l’offertoire, le répons, c’est-à-dire l’office de la messe et tout ce qui se rapporte à l’art du chant.