Rational (Durand de Mende)/Volume 1/Deuxième livre/Chapitre 04

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 1p. 181-182).


CHAPITRE IV.
DU PORTIER.


I. (Selon [saint] Isidore), les ostiarii ou portiers ont été ainsi appelés parce qu’ils gardent les portes du temple. Car ils tiennent les clés de l’église et veillent sur tout, au dedans et aussi au dehors ; et, discernant les bons des méchants, ils reçoivent les fidèles, méprisent les infidèles, et repoussent les excommuniés.

II. Les ostiarii tiennent le même emploi que les januarii, qu’on élisait dans l’Ancien-Testament pour la garde du temple, afin qu’il n’y entrât rien d’immonde en aucune façon, c’est-à-dire qu’il n’y pénétrât quelque chose d’impur parmi tout ce qu’on y admettait. À cet effet, les portiers se tenaient debout (comme on le lit dans les Paralipomènes) aux quatre parties du temple, savoir : à l’orient et à l’occident, au septentrion et au midi, gardant de telle manière chaque porte du temple qu’ils ne quittaient pas un moment le poste qui leur était assigné.

III. Car les Lévites, à qui le nombre des portiers était confié, leur préparaient à manger. Or, les ostiarii ont été créés a l’imitation des œditui (ou œditimi, ou mieux encore œditumi, officiers commis à la garde et au soin d’un temple, aujourd’hui sacristains), qui existaient chez les Gentils, et qui avaient la même charge qu’eux.

IV. Assurément, d’après le décret du Concile de Tolède (xxiii, d. Ostiarius), lorsqu’on a ordonné le portier, et que l’archidiacre l’a instruit de la manière dont il doit se conduire dans la maison de Dieu, d’après le conseil de l’archidiacre l’évêque lui donnera les clefs de l’église en les prenant de dessus l’autel, et en lui disant : « Agis et vis comme un homme qui doit rendre compte à Dieu des choses qui sont renfermées sous ces clefs. » Donc, la donation des clefs et les paroles susdites sont les limites rigoureuses de ce sacrement (sacramenti) ; le reste est pure affaire de cérémonial.

V. Nous remplissons l’office de portier quand nous introduisons, par la foi, une personne dans l’Église, ou que nous l’instruisons. Le Christ s’acquitta de cet emploi quand il dit : « Princes, ouvrez vos portes ; » et : « Soyez ouvertes, portes éternelles, etc. ; » et lorsqu’il chassa du temple les acheteurs et les vendeurs ; ce qu’il fait spirituellement dans l’Église. Voilà pourquoi il dit dans l’Évangile : « Je suis la porte. »