Rational (Durand de Mende)/Volume 1/Deuxième livre/Chapitre 07

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 1p. 185-187).


CHAPITRE VII.
DE L’ACOLYTE.


I. Αϰὼλνθοι, qui est un mot grec, se dit en latin céroféraires ou allumeurs des lampes et des cierges. Ils ont été créés à l’exemple d’Aaron et de ses fils, qui servaient dans le temple, selon cette parole de l’Exode : « Commande aux fils d’Aaron de m’offrir l’huile qu’on tire des fruits de l’olivier, la plus pure, celle qui sort au premier coup du pilon, afin que la lampe brûle toujours dans le Tabernacle du Témoignage ; et Aaron et ses fils pourvoiront à son entretien de manière à ce qu’elle brille jusqu’au matin devant le Seigneur. » Or, ce que les prêtres faisaient alors, les acolytes le font encore de nos jours, préposés qu’ils sont au service des lampes, car ils apprêtent les luminaires dans le sanctuaire. Certes ! nous lisons que beaucoup de choses ont été ajoutées ou changées à la loi mosaïque, non-seulement dans le Nouveau-Testament, mais encore dans l’Ancien. C’est pourquoi on assure que David a dit dans les Paralipomènes : « Ce ne sera pas l’office des lévites de porter à l’avenir le Tabernacle et tous les vases qui servent au culte divin. »

II. Les acolytes, selon [saint] Isidore, portent des cierges allumés pendant la lecture de l’évangile et l’oblation [du saint] sacrifice ; et cela, non pour dissiper les ténèbres de l’air, mais pour illuminer celles du cœur, puisqu’ils s’acquittent de cet office dans le temps même que le soleil est dans tout son éclat. Ils tiennent donc dans leurs mains des cierges ardents pour montrer à leur prochain les œuvres de lumière, et parce que c’est le symbole de l’allégresse ; de sorte que, sous l’image de la lumière corporelle, se révèle cette splendeur au sujet de laquelle on dit dans l’Évangile : « Il était la lumière véritable qui illumine tout homme venant en ce monde. » Ils préparent encore les espèces eucharistiques, c’est-à-dire le vin et l’eau, ou les vases dans lesquels on met l’eau et le vin.

III. Les acolytes représentent les historiographes en vers qui existaient chez les Gentils ; ou, avec plus de vérité, les moucheurs ou les éteigneurs des luminaires, qui mouchaient les cierges et accommodaient les lampes, comme Nadab et Abiu.

IV. Or, selon le décret du Concile de Tolède (xxi, distinct. Acolytus), lorsque l’évêque ordonne l’acolyte il l’instruit de la manière dont il doit se conduire dans sa charge ; mais c’est des mains de l’archidiacre qu’il reçoit le porte-cierge, c’est-à-dire le chandelier avec le cierge, afin qu’il sache que cette cérémonie l’oblige à faire briller les luminaires de l’église, les cierges, pendant la lecture de l’évangile. Il reçoit aussi une burette vide pour offrir, c’est-à-dire pour verser le vin dans l’Eucharistie, le calice dans lequel est l’Eucharistie, le sang du Christ. Donc, les paroles et les ustensiles dont nous venons de parler sont seuls nécessaires pour conférer cet ordre ; le reste est affaire de cérémonie.

V. Nous remplissons cet office, lorsqu’en prêchant nous produisons le feu de la parole céleste par lequel nous illuminons nos frères et nous les enflammons du désir de connaître Dieu, comme aussi quand nous donnons aux autres la lumière de nos bonnes œuvres. Or, le Seigneur témoigne qu’il a cette charge lorsqu’il dit : « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »