Rational (Durand de Mende)/Volume 1/Deuxième livre/Chapitre 08

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 1p. 187-189).


CHAPITRE VIII.
DU SOUS-DIACRE.


Nous avons parlé plus haut des ordres non sacrés et mineurs ; maintenant nous traiterons des sacrés et des majeurs, qui sont dits saints par antonomase, et, premièrement, du sous-diacre ;

I. Car l’ordre du sous-diaconat est aujourd’hui réputé saint, selon le pape Innocent III (Extra de œtatis et qnalitatis ordinibus et a multis). Or, les sous-diacres remplissent dans l’église les mêmes fonctions que les Nathinéens, au sujet desquels on lit dans Esdras que David les avait mis au service des Lévites. D’où ils sont appelés, en grec, ὐποδιάϰονοτ, parce qu’ils sont soumis aux diacres, à qui ils obéissent et qu’ils servent ; de l’ordre desquels fut ce Nathanaël que le Seigneur loua dans l’Évangile, en disant de lui : « Voici vraiment un homme d’Israël, dans lequel il n’y a pas de ruse. » Et ceux qu’on appelle Nathinéens en hébreu sont nommés en latin les humbles serviteurs du Seigneur, ou offerts à Dieu.

II. Les sous-diacres doivent, selon [saint] Isidore (xxv, distinctione Perlectis), recevoir dans le temple du Seigneur les offrandes des mains des fidèles et les apporter aux diacres, pour qu’ils les mettent sur les autels ; porter le calice et la patène à l’autel du Christ, les remettre aux diacres, et leur présenter aussi la burette avec le vin et l’eau ; tenir l’essuie-mains et la serviette à l’évêque, au prêtre ; présenter l’eau aux diacres pour laver les mains du célébrant devant l’autel, et purifier les corporaux et les linges qu’on étend sous le calice. Les Pères ont voulu, à leur égard, que ceux qui manient les espèces mystiques observassent la loi de la continence, selon ce qui est écrit dans le Prophète : « Purifiez-vous, vous qui portez les vases du Seigneur. » Et ils tiennent la place des duumvirs qui existaient chez les Gentils.

III. Or, selon le décret du Concile de Tolède (xxiii, distinct. Subdiaconus), lorsqu’on ordonne le sous-diacre, comme il ne reçoit pas l’imposition consécratoire des mains, l’évêque lui donne la patène nue et le calice vide, et il lui dit en même temps : « Vois au service de qui tu entres. » Et il reçoit de la main de l’archidiacre, pour le service duquel il est consacré, la burette avec le vin et l’eau, l’essuie-mains, c’est-à-dire le lavabo et la serviette. Donc, les paroles et les choses spécifiées ci-dessus constituent la substance de ce sacrement ; le reste est de pure cérémonie.

IV. Mais on demande pourquoi le sous-diacre lit les épîtres (lectiones) à la messe, puisqu’on ne trouve pas que cela soit de sa compétence, ou en raison de son nom ou d’une charge qui lui a été concédée. Je réponds : Dans la primitive Église, le diacre ne lisait pas l’évangile, parce que cela n’était pas établi. Mais, après qu’on en eut fait une règle, on commanda au sous-diacre, qui est sous le diacre, de lire l’épître ou la leçon.

V. Or, le sous-diacre se sert de l’amict blanc et de la ceinture, comme le portier, le lecteur, l’exorciste et l’acolyte ; et, par-dessus la robe et le suaire, il porte une tunique étroite, afin de se revêtir du suaire de la justice comme d’une cuirasse, pour nettoyer les vases du culte divin. On parlera de cela dans le livre suivant, au chapitre de la Tunique et du Manipule. Il s’acquitte convenablement et dignement de cet office, celui qui est si pur, qu’à son exemple et à sa voix les autres se lavent des souillures de leurs crimes. Le Christ exerça cette charge quand, en Cana de Galilée, il changea l’eau en vin, et lorsqu’après la Cène, mettant de l’eau dans un bassin, il lava les pieds des disciples.

VI. Le Canon du pape Adrien (lxiii, distinct. Valentinianus, in fine) paraît indiquer que l’empereur doit être ordonné sous-diacre, à l’endroit où il est dit, dans sa consécration : « Je serai toujours ton aide et ton défenseur, comme le veut l’ordre que j’ai reçu. » Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut entendre ordinem ; cependant il est revêtu de cette charge, puisqu’au jour de son sacre il est d’abord reçu chanoine par les chanoines de Saint-Pierre, et qu’il sert ensuite le seigneur Pape pendant la messe en qualité de sous-diacre, préparant le calice et faisant d’autres choses de ce genre. Il y en a même qui disent qu’on le fait prêtre, selon cette parole : « Cujus merito quis nos sacerdotes appellat. » On appelle encore l’empereur pontife, comme on le dira dans le traité de l’Évêque.