Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Quatrième livre/Chapitre 14

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 2p. 79-88).


CHAPITRE XIV.
LE CÉLÉBRANT SALUE LE PEUPLE.


I. L’hymne angélique étant terminé, le prêtre se tourne vers le peuple et le salue, en disant : Dominus vobiscum, « Que le Seigneur soit avec vous ; » paroles tirées du livre de Ruth, chapitre ii. On y lit que c’est ainsi que Booz salua ses moissonneurs ; et le Prophète (dans les Paralipomènes), le roi Asa et tous ceux qui étaient avec lui ; et l’Ange, en saluant Gédéon, lui dit : « Que le Seigneur soit avec toi. » Booz, qui épousa Ruth la Moabite, exprima une des figures du Sauveur. Ce salut marque celui que le Christ fit aux apôtres après la résurrection, et on en parlera dans la cinquième partie, au chapitre de Prime.

II. Le prêtre fait précéder toutes les oraisons de la messe de ce salut : Dominus vohiscum, excepté celles qu’on dit avant les prophéties ou les prières que l’on fait sur le peuple en Carême ; il ne fait pas non plus ce salut avant les oraisons qui suivent immédiatement la première oraison, et dans celles que l’on dit le Vendredi saint. Mais ce jour-là on ne dit pas la messe, quoique le prêtre communie. Or, comme par ce salut on souhaite que le Seigneur soit avec le peuple, qui est en lui par l’Esprit de grâce aux sept manifestations, voilà pourquoi l’Église a établi qu’on saluerait sept fois seulement le peuple à la messe, comme on va le dire dans un moment. C’est aussi pourquoi, dans les oraisons énumérées plus haut, on ne fait ce salut qu’une fois.

III. On fait cependant précéder les autres oraisons d’une exhortation à l’humilité, par ces mots : Flectamus genua, « Fléchissons les genoux ; » ou par ceux-ci : Humiliale capita vestra Deo, « Humiliez vos fronts devant Dieu ; » parce que la prière qui doit être unie au jeûne pour chasser un démon violent n’a de valeur qu’autant que l’humilité la précède.

IV. Dans les jours de jeûnes, l’Église figure le temps de la captivité de Babylone. Donc, c’est avec raison que le prêtre ne salue pas le peuple, puisqu’en effet il est absent, et ne se tourne pas vers lui ; mais il commence comme s’il était seul, en disant : Oremus, « Prions ». Il insinue par là qu’il faut prier pour lui ; et, parce que l’oraison doit être faite avec force, il ajoute aussitôt : Flectamus gyenua, ou bien : Humiliate capita vestra Deo. Cela représente encore le temps de la passion du Seigneur, qui commença surtout après la cène qu’il fit avec ses disciples ; et, comme pendant ce temps-là le Seigneur ne salua pas ses disciples, mais les exhorta plusieurs fois à prier, c’est pourquoi le prêtre ne salue pas alors le peuple, mais lui donne le conseil de prier. Et parce qu’en ce temps-là le Christ fléchit les genoux pour prier, c’est pourquoi le prêtre invite aussitôt les fidèles à s’agenouiller. Il dit : Flectamus genua, en la personne de tous les fidèles de la terre, comme étant en quelque sorte le délégué qui les représente tous en soi-même ; et c’est pourquoi il parle à la première personne, s’excitant lui-même et excitant tous les autres à prier humblement et dévotement ; mais bientôt il se relève dans la personne d’un autre que lui, dans la personne même du Christ, dont il est le type en célébrant la messe, et alors il parle à la seconde personne et avec un chant tout autre, comme si le Christ lui-même disait : « Levez-vous, car je vois votre foi et votre dévotion ; » et alors le prêtre parle ou prie au nom de tous. On dira dans la sixième partie, à l’article de la Quatrième Férie, en tête des Jeûnes, ce que signifient les collectes que l’on dit après la formule Flectamus genua, et celle Humiliate capita vestra Deo. Les autres jours, l’Église représente le temps d’allégresse et d’abondance qui commença principalement après la résurrection du Christ, et alors le prêtre, qui représente le Christ, salue le peuple, comme il a été dit plus haut, parce que le Seigneur salua ses disciples après la résurrection. Le prêtre fait précéder ses oraisons de Dominus vohiscum, pour rendre le peuple attentif, et pour qu’il élève son esprit à Dieu et s’unisse à lui par une active intention. Le sens de : « Que le Seigneur soit avec vous » est celui-ci : « Que le Seigneur habite en vous, et vous récompense par le prix de la vie éternelle ; qu’il accorde à vos demandes l’effet ou la grâce que vous implorez de lui, et la persévérance dans cette grâce même. »

V. Le chœur et le peuple répondent : Et cum spiritu tuo, « Et avec ton esprit ; » ce qui est tiré de la seconde épître à Timothée, vers la fin, où l’Apôtre lui dit : « Que le Seigneur Jésus-Christ soit avec ton esprit. » Les salutations de cette sorte montrent que le prêtre et le peuple doivent être unis dans une seule et même affection, dans un désir unique. Voici le sens de Et cum spiritu tuo : « Tu vas prier le Seigneur pour nous, et, parce que le Seigneur Dieu n’approuve et n’exauce que les prières qui procèdent d’un bon cœur, nous prions aussi pour toi, afin que Celui sans qui il n’y a aucun bien soit avec ton esprit ; afin que ce qui est dans ta bouche passe dans ton cœur, et demeure en toi. » Alors cesse l’hésitation de ceux qui demandent, car le peuple répond : « Et avec ton esprit, » au souhait que le prêtre a fait pour lui, que le Seigneur soit avec lui, en disant : Dominus vabiscum, non-seulement en esprit, mais aussi corporellement ; car tel est le désir que forme le peuple par sa réponse, comme on l’a vu plus haut. On peut dire encore que par cette réponse le peuple se joint seulement au sacrifice auquel procède le prêtre, et dans la perpétration duquel il doit s’élever totalement au-dessus de la terre en esprit, et se débarrasser entièrement de tout lien terrestre. Après que le chœur a répondu, le prêtre se retourne devant l’autel, savoir, à l’orient, comme on le dira dans la préface de la cinquième partie ; et, comme se confiant peu en sa propre bonté, il s’unit l’Église universelle, en disant, comme le délégué de tous les fidèles : Oremus, « Prions, » c’est-à-dire : « Priez tous avec moi, afin que nous obtenions plus tôt ce que nous demandons, parce qu’il est impossible que la multitude ne soit pas exaucée. » Puis il dit l’oraison ; donc, en disant Oremus il exhorte les autres à prier, parce que le Christ même a averti ses disciples de prier, en disant : « Priez, pour ne pas être tentés ; » et ensuite il prie, parce qu’après avoir dit les paroles précitées, le Christ pria. Le Christ agit et enseigna. La formule Oremus nous vient des anciens, qui la disaient pour s’inviter mutuellement à prier en commun. Le prêtre dit Oremus, en se tenant debout devant le milieu de l’autel, pour les raisons établies dans le précédent chapitre. La prière qu’il prononce signifie l’indulgence que le Seigneur a promise ; et ensuite il passe à la droite de l’autel, comme on le dira dans le chapitre suivant.

VI. L’oraison étant terminée, le chœur répond : Amen. C’est un mot hébreu qui veut dire : « Que cela soit, qu’il soit selon ta prière, » ou « Que ta prière soit heureuse, qu’elle soit exaucée. » Il est pris de l’Apocalypse, chapitre x. [Saint] Ambroise explique Amen par « C’est vrai, que l’effet réalise ce que demande la parole » (De consec., d. ii, Revera, in fin. ; xxxviii, d. Sedulo, III, q. v) ; et ce mot s’emploie parfois pour dire : « Vraiment, c’est vrai, en vérité, » comme ici : « En vérité (amen), en vérité, je vous le dis » (Extra De jure jur., et Si Christus), comme on le dira au chapitre de l’Oraison. Et remarque que cette salutation préalable : Dominus vobiscum, s’adresse aux prêtres d’un ordre inférieur, moins parfaits et ignorants. L’évêque ou son supérieur, qui doit être parfait, et qui porte gravée la ressemblance du Christ, pour se montrer son vicaire, lorsqu’il s’apprête à prier pour la première fois se sert de cette parole du Seigneur (Joan., xx) : « Paix à vous. »

VII. Ce fut la première parole du Seigneur à ses disciples, quand il leur apparut après la résurrection, comme s’il leur disait : « A présent, que la paix du temps vous soit donnée, et dans l’avenir vous recevrez celle de l’éternité. » Sur ces deux paix, voyez [saint] Jean, chapitre xiii : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » Joseph se servit de cette expression en parlant à ses frères. Ensuite l’évêque dit, comme les autres prêtres : Dominus vobiscum, pour montrer qu’il est un d’eux (xcv, d. Olim, et c. seq. in fin.). Et il faut remarquer que l’on ne dit Pax vobis que quand on chante le Gloria in excelsis, et cela parce qu’il y a une correspondance avec cette phrase : Et in terra pax hominibus bonœ voluntatis. En outre, cette salutation ayant été faite par le Christ à ses disciples dans un temps de joie et d’allégresse, c’est-à-dire après la résurrection, elle doit correspondre au cantique d’allégresse Gloria in excelsis. Il y en a aussi qui disent que le pontife, célébrant solennellement aux jours où l’on dit le Gloria in excelsis, représente le Christ après sa résurrection ou la joie de la résurrection, temps auquel le Christ salua souvent ainsi ses disciples ; et c’est pour l’imiter que le pontife dit Pax vobis dans les premiers jours de la semaine de Pâques. Aux messes qu’il dit les autres jours ou dans les autres temps, ou qui sont dites par ses inférieurs, on figure la passion du Christ, et il convient d’y répandre les gémissements et l’affliction. C’est pourquoi l’on n’y dit pas Pax vobis, pour ne pas mêler la joie avec la douleur. On peut dire encore que la paix a été faite par le Christ entre Dieu et l’homme, et entre les anges et les hommes, ce que déclara l’Ange quand, à la nativité du Christ, il chanta : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes. » Or, c’est le Christ qui a proclamé la paix entre Dieu et les hommes, quand, après la résurrection, il a dit aux apôtres : « Paix à vous. » Ces choses sont figurées dans la messe : Premièrement, par quel prêtre que ce soit qui peut chanter Gloria in excelsis y en figurant ainsi l’Ange. Deuxièmement, par l’évêque, qui seul dit : « Paix à vous, » figurant ainsi le Christ, qui, dans la personne de l’Église, dit aux apôtres : « Paix à vous. » Et l’évêque, quand il célèbre solennellement, dit ces deux paroles, parce qu’il représente à la fois le Christ et l’Ange. Il est vicaire plus particulier du Christ que le simple prêtre, parce que, lorsqu’il omet l’office de l’Ange aux époques où les cantiques d’allégresse, tels que le Te Deum laudamus et le Gloria in excelsis se taisent un peu, il omet aussi l’office du Christ, en ne disant pas : « Paix à vous, » mais : « Que le Seigneur soit avec vous, » comme le simple prêtre. Or, l’évêque, qui représente le Christ et l’Ange, n’annonce pas une paix sans l’autre. Il en est de même pour l’Ite missa est, qu’on ne dit qu’autant qu’on chante le Gloria in excelsis.

VIII. Le diacre ne dit pas Dominus vobiscum aux heures, parce qu’il n’est pas la figure du Christ, qui, par la bouche de Booz, employa ce salut, comme le prêtre l’emploie en la personne du Christ. Cependant, lorsqu’il lit l’évangile il dit ce salut, parce qu’alors il remplit l’office de prédicateur, et, en cette qualité, annonce la doctrine promulguée par le Christ même immédiatement ; et il fait aussi ce salut en bénissant le cierge pascal, parce qu’alors il représente la résurrection du Christ. Il y en a cependant qui disent que dans les divins offices qu’on est tenu de dire, on peut licitement faire ce salut, car on ne lit pas que cela soit défendu. Cette opinion est contredite par l’usage général de l’Église, puisqu’ils se reconnaissent inférieurs aux prêtres.

ÏX. Et il est à remarquer que le peuple est salué sept fois pendant la messe, afin qu’excluant les sept péchés capitaux de son cœur, il reçoive la grâce aux sept formes ; car le mystère de la messe se rapporte aux sept dons de l’Esprit saint : Premièrement, au commencement même de la messe, avant la collecte. Deuxièmement, avant l’évangile. Troisièmement, après l’évangile ou après le symbole, savoir, avant l’offertoire. Quatrièmement, avant la préface, quand le prêtre dit : « Dans tous les siècles des siècles, » et ensuite : « Le Seigneur soit avec vous. » Cinquièmement, avant le baiser de paix, quand il dit : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. » Sixièmement, avant la première postcommunion. Septièmement, quand le neume est terminé, après la communion. Par le premier salut on entend l’esprit de sagesse, parce que la science est entrée en ce monde pour nous sauver. Le second figure l’esprit d’intelligence, parce qu’il a prêché pour nous instruire. Le troisième, c’est l’esprit de conseil : c’est par un secret dessein de Dieu que le Christ s’est soumis à la passion pour nous racheter. Le quatrième, c’est l’esprit de force, parce que, suspendu à la croix, le Christ a combattu le diable pour nous racheter. Le cinquième, c’est l’esprit de science, parce qu’étant ressuscité, il a salué ses disciples et leur a ouvert l’esprit pour qu’ils nous instruisissent. Le sixième est l’esprit de miséricorde, parce que par la seule miséricorde il a élevé au plus haut des cieux l’humaine nature pour nous exalter. Le septième, c’est l’esprit de crainte, parce que les anges trembleront quand il viendra nous juger pour nous glorifier. Au reste, à chaque salut la messe prend un autre caractère, et d’une partie passe à l’autre. C’est pourquoi on met en tête de chacune de ces parties un salut ; car, lorsque nous entrons pour la première fois dans une corporation d’ouvriers, nous avons coutume de leur donner la bien-venue (salutare eos), et c’est d’après ce principe qu’il y a huit parties dans la messe. Le prêtre salue le peuple une huitième fois, comme le veulent quelques-uns, savoir, après l’offertoire et avant la secrète (secretellam) ; car, au moment où il se tourne vers le peuple pour dire Orate, fratres, etc., il doit prononcer tout bas le Dominus vobiscum.

X. Mais quoique, selon la règle ordinaire, nous présentions notre figure à ceux que nous saluons, pourtant le prêtre ne se tourne vers le peuple qu’en cinq des saluts précités. Car dans le salut qui précède l’évangile il ne se tourne pas, parce qu’il s’emploie tout entier à annoncer la parole de Dieu ; il ne se tourne pas non plus en faisant le salut qui est avant la préface, parce que toute son attention est absorbée dans l’offrande du sacrifice ; il ne se tourne pas non plus en faisant le salut qui précède le baiser de paix, parce qu’il tient le corps du Christ entre ses mains, et qu’il a élevé son cœur vers Dieu. Et il est tout-à-fait attentif à manier ce corps divin avec révérence ; car tout homme qui, ayant la main à la charrue, regarde en arrière, n’est pas digne du royaume de Dieu (Extra De vo. magnæ). En outre, le cinquième salut que le prêtre fait au peuple, en disant : Dominus vobiscum, et en se tournant vers lui, symbolise les cinq apparitions du Christ à ses disciples au jour de sa résurrection. La première, à Marie-Madeleine (saint Jean, xx, et saint Mathieu, à la fin). La seconde, à la même et aux autres femmes, lorsqu’elles s’en revenaient du sépulcre, quand il leur dit : « Salut » (saint Mathieu, à la fin). La troisième, à Pierre. La quatrième, aux deux disciples qui allaient à Emmaûs. La cinquième, dans la maison aux dix disciples, en l’absence de [saint] Thomas (saint Jean, xx). Mais, comme une de ces apparitions ne fut pas manifeste, savoir, quand il se montra d’abord à Marie-Madeleine, ou, selon les autres, à Pierre ; comme on ne sait ni quand, ni en quel endroit, Yoilà pourquoi le prêtre, au moment de dire, avant la secrète : Orate, fratres, dit d’abord tout bas : Dominus vobiscum ; mais il dit hautement, comme le Christ aux apôtres : Orate, « Priez, afin de ne pas être tentés. » Il y a eu encore d’autres apparitions dont nous ne dirons rien maintenant.

XI. Il ne faut pas omettre aussi de remarquer que le prêtre se tourne toujours vers le peuple, en appuyant sur la droite, et qu’il se retourne de la même manière vers l’autel, comme si, en agissant ainsi, il disait : « La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance ; la droite du Seigneur m’a élevé ; la droite du Seigneur a fait éclater sa puissance. » Secondement, c’est pour désigner que dans le sépulcre du Seigneur l’Ange était assis à droite. Troisièmement, afin que, par là, le prêtre fasse entendre qu’il a une droite et profonde intention, pour lui et pour le peuple, d’arriver à la céleste patrie, que symbolise le côté droit, selon cette parole du Cantique des cantiques : « Il m’embrassera avec sa main droite. » Quatrièmement, parce qu’en se tournant pour saluer le peuple, et en se retournant pour dire : « Prions, » il s’exhorte, autant lui que le peuple, à prier. Et sa prière doit être faite en vue des biens éternels, figurés par le côté droit, d’où vient qu’il est dit que le Christ est assis à la droite du Père. C’est donc à juste titre que le prêtre se tourne et se retourne du côté droit ; car il porte en lui l’image du Christ, qui est parfait dans les saints et les prières qui se font à droite. Mais cependant, après avoir dit : Orate, fratres, etc., le prêtre se retourne du côté gauche, selon cette parole du Psalmiste : « J’ai fait plusieurs tours, et j’ai immolé dans son tabernacle une hostie, etc. » Donc, lorsqu’il se prépare à consommer le sacrifice, il fait un tour, et se tourne alors vers le côté gauche, qui est plus imparfait et plus faible, pour marquer l’imperfection de tout prêtre, le Christ seul excepté. C’est aussi parce qu’en disant les paroles précitées il supplie comme un homme imparfait et pécheur, et manquant du secours qu’ont les autres, à qui il demande ce secours ou le bienfait de leur prière. Deuxièmement, il se retourne encore alors à gauche, pour marquer, par ce mouvement, la tristesse de la passion du Christ, qu’il s’applique aussitôt à représenter. Or, le côté gauche figure bien la tristesse, selon cette parole de l’Apôtre : « À droite et à gauche, par la gloire et l’ignominie, par l’infamie et la bonne renommée. » Ces tours et retours doivent se faire devant le milieu de l’autel, selon cette parole : « La Sagesse lui a ouvert la bouche au milieu ce de l’assemblée, etc. » Ces mouvements nous rappellent que notre Rédempteur, selon Salomon, a brisé son corps par la charité qui y résidait (media), à cause des filles de Jérusalem. Et remarque qu’il y a des prêtres qui, après avoir dit Dominus vobiscum en se tournant de l’autel vers le peuple, disent Oremus en se tenant au milieu de l’autel, insinuant par là qu’ils sont en un lieu manifeste et où il convient au peuple de prier, c’est-à-dire au milieu de l’autel, parce que le peuple doit faire monter ses prières à Dieu du milieu de son cœur. D’autres, au contraire, disent Oremus au côté droit de l’autel, où ils doivent réciter l’oraison, afin qu’ainsi, entre le symbole et la prière, aucune action ne vienne s’interposer, et afin que le symbole parte de l’endroit même où doit s’exécuter la prière, et où il convient que le peuple dirige son intention en priant.