Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/I/V/Sec 2/Art 3/B

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B.Causes de mortalité.

La folie amène la mort, soit par des lésions anatomiques qui en sont la cause ou l’effet, soit par l’épuisement physique et moral dans lequel elle jette l’individu, soit enfin par la réaction trop vive qu’elle détermine vers les centres nerveux. Il n’est donc point sans importance d’apprécier les différents modes de terminaison et de connaître aussi les affections intercurrentes.

Dans la manie.
8 sont morts dans une première période d’excitation.
3 dans une période d’excitation prolongée, avec affaiblissement général.
1 d’une fièvre typhoïde.
1 de pneumonie.
1 d’abcès au foie.
1 à la suite d’escarres très considérables.
15
Monomanie.
1 par suicide.

Démence.
16 dans un état d’excitation considérable.
34 par les progrès de la paralysie, affaiblissement, marasme.
3 à la suite d’accès épileptiformes.
1 par apoplexie.
1 par asphyxie.
4 par pneumonie.
2 parotide.
3 état adynamique.
1 congestion pulmonaire.
65
Épileptiques.
1 à la suite d’accès répétés.
1 par hypertrophie du cœur.
1 cirrhose.
3

D’où il résulte que, pour la manie dans 11 cas sur 15, et pour la démence dans 50 sur 65, la mort a été due aux progrès de la maladie cérébrale.

Dans 4 cas de manie, à des affections intercurrentes.

Dans 1 cas de monomanie, elle a été due au suicide.

Dans la démence, 5 fois les maladies de l’appareil respiratoire ont amené une fatale terminaison.

Sur 164 individus, en confondant les décès de ceux qui existaient déjà dans la division et de ceux qui ont été admis cette année, les causes de mort étaient ainsi réparties :

Dans la manie.
Morts dans une première période d’excitation, 8
Morts dans une période d’excitation prolongée
suivie d’affaiblissement,
2
Maladies incidentes.
Tête. Méningite, 1 4
Congestion cérébrale, 1
Hémorragie cérébrale, 1
Ramollissement cérébral, 1
Thorax. Hypertrophie du cœur, 1 4
Pneumonie, 2
Asphyxie par refoulement du diagramme, 1
Abdomen. Entérite chronique, 1 2
Abcès du foie, 1
Escarres, 1
21
Dans la monomanie.
Suicide par strangulation, 1
Suicide par section du cou, 1
2
Dans l’épilepsie.
Attaques d’épilepsie répétées, 1
Démence et paralysie, marasme, 1
Hypertrophie du cœur, 1
Pneumonie, 1
Pleurésie, 2
Entérite, 2
Cirrhose, 1
Phthisie pulmonaire, 2
Affection tuberculeuse générale, 1
12


Dans la démence.
Morts dans une agitation considérable, 16
Morts dans le marasme, escarres, etc. 58
Maladies incidentes.
Hémorragie cérébrale ancienne, 3
Ramollissement cérébral, 1
Congestion cérébrale, 1
Apoplexie séreuse, 1
Apoplexie méningée, 1
Convulsions épileptiformes, 3
Pneumonie, 8
Gangrène du poumon, 2
Congestion pulmonaire, 1
Phthisie pulmonaire, 5
Pleurésie, 1
Asphyxie par le bol alimentaire, 1
Cancer de l’estomac, 1
Cancer de l’intestin, 2
Entérite chronique, 8
Parotide, 2
Abcès au cou, 1
Scorbut, 6
État adynamique, 3
125
Dans l’idiotisme.
Convulsions épileptiformes, 2
Pleurésie, 2
4

En résumant ce tableau, nous trouvons, dans la manie, que la mort 10 fois sur 21 a été due aux progrès de l’affection mentale ; sur les 11 autres cas, 4 fois les maladies du cerveau, 4 fois celles du poumon et du cœur, 2 fois celles de l’appareil digestif, 1 fois une escarre considérable, ont été cause de mort.

Les 2 monomaniaques se sont suicidés.

Une seule fois sur 11, l’épilepsie par elle-même a tué l’individu : il présentait des accès tellement fréquents et rapprochés, qu’il était devenu impossible de les compter comme on le fait pour tous nos épileptiques. Pendant les deux derniers jours, ces accès revenaient toutes les 5 minutes sans la moindre rémission.

Dans la démence, deux causes principales de mort : tantôt on voit succomber les individus au milieu d’une agitation très intense et dans un état tout à fait comparable à la manie aiguë (16 fois sur 125) ; tantôt, au contraire (58 sur 125), l’économie subit une lente décomposition ; des escarres se forment au sacrum, aux aisselles, aux coudes, aux trochanters ; et ces malheureux meurent dans le marasme.

10 fois les maladies de l’encéphale ont été cause de mort. Nous devons faire remarquer ici les convulsions épileptiformes chez des déments qui n’avaient jamais eu d’attaques d’épilepsie.

17 fois celles de l’appareil pulmonaire. La pneumonie (8) et les tubercules pulmonaires (5) ont été le plus fréquemment notés. Une fois un dément a été asphyxié par une grande quantité d’aliments arrêtés dans le pharynx. La mort fut tellement rapide, que les soins les plus prompts ont été inutiles.

14 fois celles du tube digestif : 8 fois nous avons trouvé l’entérite chronique, et 2 fois le cancer du gros intestin. Les 2 cas de parotide ont amené une fin très prompte.

Le scorbut a déterminé la mort de six malades.