Recherches sur les végétaux nourrissans/Dix-septième Objection

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que l’on regarde fort mal-à-propos comme moins élaborées que celles des ſemences, l’expérience prouve bien que les premières ſont infiniment plus abondantes en matière fibreuſe, mais les autres principes y ſont auſſi atténués que dans les autres parties de la fructification des Plantes. N’en retire-t-on point du camphre, du ſucre & de l’amidon, des ſubſtances colorantes auſſi parfaites que des autres parties des Plantes ! deſtinées à élaborer les premiers ſucs nourriciers qui concourrent au développement, il a bien fallu que la Nature donnât aux racines une ſolidité plus conſidérable !


Dix-septième Objection.


Quelles ſont les expériences en grand, propres à conſtater de la manière la plus déciſive, que le pain de pommes de terre eſt auſſi ſubſtantiel & auſſi nourriſſant que celui du froment pris dans la même quantité ?


Réponse.


Il ſeroit à deſirer ſans doute que des eſſais variés & répétés en grand pendant un eſpace de temps aſſez long, euſſent appris à quoi s’en tenir à ce ſujet ; le temps & les moyens me manquent pour le faire : j’invite ceux qui habitent les pays où la pomme de terre eſt très-commune, d’entreprendre ce travail. J’obſerverai ſeulement que pluſieurs ſujets robuſtes & grands mangeurs de pain, ont été également raſſaſiés par celui de pommes de terre pris en même quantité que le pain de froment : à cette autorité, nous pourrons ajouter quelques Obſervations. Il eſt d’abord démontré à n’en pouvoir douter, que l’amidon en la partie principalement nutritive des farineux, & quelle que ſoit la portion des différentes Plantes d’où on le retire, il poſſède les mêmes propriétés ; il eſt également démontré qu’il entre dans une livre de pain de froment environ demi-livre d’amidon, il en entre à peu-près la même quantité dans chaque livre de pain de pommes de terre, & il faut trois livres & demie de ces racines.


Dix-huitième Objection.


Si jamais la pomme de terre fourniſſoit une partie de la nourriture des habitans du Royaume, ſoit ſous la forme de pain ou en qualité de légume, n’y auroit-t-il pas à craindre