Recueil de contes populaires slaves (traduction Léger)/XXXIII

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Traduction par Louis Léger.
Ernest Leroux (p. 259-261).


XXXIII

LA RECETTE DU SOLDAT


(CONTE RUSSE)



Un soldat vint, un jour, loger chez une bonne femme.

— Eh ! bonjour, la vieille ! y a-t-il quelque chose à manger ?

— Oui, tu peux prendre tes affaires au clou, répond la vieille

— As-tu donc les oreilles bouchées ?

― Oui, tu peux aller te coucher.

— Attends, vieille sorcière, je te guérirai de ta surdité. Et, montrant les poings : — Allons, sers la table.

— Je n’ai rien, mon fils !

— Fais-moi de la bouillie.

— Avec quoi, mon fils ?

— Donne-moi une hache, je ferai de la bouillie avec.

— C’est étrange ! se dit la vieille ; voyons un peu comment il fait de la bouillie avec une hache.

Elle lui apporta une hache ; le soldat la prit, la mit dans le pot, versa de l’eau, et voilà la hache qui bout.

Il la fait cuire, cuire, et goûte :

La bouillie serait excellente, dit-il, si l’on y ajoutait seulement un peu d’orge.

La vieille apporte de l’orge.

Il fait cuire, cuire, et goûte :

— C’est parfait ; il ne manque plus qu’un peu de beurre.

La vieille apporte du beurre. Le soldat fait cuire la bouillie.

— Maintenant, la vieille, apporte du pain et du sel, et prends ta cuiller ; nous allons manger la bouillie.

Ils avalèrent le tout.

— Mais quand donc, demanda la bonne femme, mangerons-nous la hache ?

— Elle n’est pas encore tout à fait cuite. Je finirai de la faire cuire en route. Elle me servira pour mon déjeuner de demain.

Et il fourra la hache dans son sac, dit adieu à la vieille, et le voilà parti pour un autre village[1].


FIN
  1. Nous avons, en France, un conte populaire semblable, la Soupe au caillou.