Recueil des lettres missives de Henri IV/1580/Janvier ― À monsieur de Sainct Genyés

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[1580. — janvier.] — IIIme.

Orig. autographe. – Collection de M. Cintrat.


[À MONSR DE ST GENYÉS.]

Monsr de St Genyés, Toutes vos lettres me sont parvenues presentement, non les pouldres. La trefve seroit aulcunement mon faict en un aultre temps, comme desjà vous l’ay dict ; toutesfois, puisqu’on s’est laissé equipper en ceste façon, je ne la veulx rompre ; mais en veulx-je proufiter pour preparer la guerre. J’attends de bonnes nouvelles d’Esprit. Les srs de Rambouillet[1] et de Pontcarré[2] [sont repartis], auxquels j’ay donné des memoires. Je ne me puis respondre de ma fermeté future ; si sçay-je que je ne desvoyeray asture[3] de mon desseing. Si l’evesnement me bat, je ne m’en prendray à aultre qu’à moy et à ma fortune. Qui ayme le repos soubs la cuirasse, il ne luy appartient poinct de se mesler à l’eschole de la guerre. À Dieu, Monsr de Sainct-Genyés ; c’est

Vostre trez affectionné maistre et parfaict amy à jamais,


HENRY.


  1. Voyez la lettre précédente.
  2. Geoffroy Camus, seigneur de Pontcarré et de Torcy, d’une famille illustre dans la magistrature française, était fils de Jean Camus, sieur de la Roche, Bagnols, etc. notaire et secrétaire du Roi, et d’Antoinette de Vignols, dame de Pontcarré. Il fut maître des requêtes en 1573, premier président du parlement de Provence en 1588, conseiller d’état en 1594. Henri IV comptant partir pour le duché de Juliers, le nomma, en 1610, conseiller de régence.
  3. Asture ou asteure est une forme usitée dans la correspondance d’Henri IV et de plusieurs autres personnages de son temps, au lieu de : à cette heure, à présent. On trouve ce mot dans Ronsard.