Recueil des lettres missives de Henri IV/1584/14 août ― Au roy catholique des Hispanies

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1584. — 14 août.

Orig. — Arch. génér. de Simancas à Madrid. Envoi de M. l’ambassadeur de France en Espagne.


[1] AU ROY CATHOLIQUE DES HISPANIES.

Monsieur, Ayant esté recerché de vendre ma seigneurie d’Anguien[2] par quelqu’un qui desire vivre soubs vostre domination, es pays de Flandres, je vous supplie me faire ceste faveur de le treuver bon et commander que la permission d’en pouvoir contracter me ssoit expediée, affin que les moyens que j’en retireray servent à l’acquit de mes debtes ou à recouvrer quelque aultre terre dans l’Estat du Roy mon souverain seigneur ; et je prieray le Createur vous donner, Monsieur, en parfaite santé, longue et heureuse vie.

De [Nerac][3], le xiiije d’aoust 1584.

Vostre bien humble à vous obeyr,


HENRY.


  1. En marge de l’original est écrit tout en haut : « Receu ce 3 septembre 1584. — Fiat copia pro Parmensi. » Le prince de Parme répondit, le 5 mai 1585, à la communication de cette lettre, par le conseil de refuser ; ce qu’il motive ainsi : « Si a il des considerations beaucoup au regard du dit prince, pour sa qualité et pour le peu d’affection qu’il porte aux affaires de Vostre Majesté, de maniere qu’il n’est que bien qu’il ait à perdre par deçà, pour le retenir en crainte....... Faudra lui respondre doulcement, etc. »
  2. Ou Enguien, Enghien, petite ville du Hainaut, à cinq lieues de Mons, avec titre de comté, que Marie de Luxembourg avait apportée en mariage, l’an 1487, à François de Bourbon, comte de Vendôme. Cette terre, qui passa successivement à plusieurs des frères d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre, appartint, en dernier, à Louis de Bourbon, prince de Condé. Ce fut sans doute un arrangement entre Henri, prince de Condé, son fils, et Henri, roi de Navarre, qui fit revenir ce domaine en la possession du chef de la famille. C’est ce que prouve cette lettre, d’accord avec la vente que Henri IV, roi de France, plus libre en 1607, fit de la terre d’Enghien à Charles, prince de Ligne. Mais comme cette terre avait été érigée en duché pour Henri Ier de Bourbon-Condé, fils de Louis, le titre en resta dans cette branche de la maison de Bourbon, et fut attribué d’abord à Nogent-le-Rotrou, en Perche. Ensuite Henri II, prince de Condé, ayant vendu au duc de Sully sa terre de Nogent, en transports le titre ducal à Issoudun en Berri.
  3. La copie envoyée d’Espagne a laissé en blanc le nom du lieu ; que nous pouvons remplir, d’après l’autorité des registres originaux de la dépense du roi de Navarre.