Recueil des lettres missives de Henri IV/1584/Vers le 1 février ― Illustrissimo principi, etc. christiano duci Saxoniæ, etc.

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[1584. — vers le 1er février[1].]

Orig. — Arch. royales de Saxe. — Envoi de M. le ministre d’état baron Lindenau.


ILLUSTRISSIMO PRINCIPI, ETC. CHRISTIANO DUCI SAXONIÆ[2], ETC.

[3] Singularis ille amoris adfectus quo illustrissimum principem, Celsitudinis vestræ parentem, semper prosecuti sumus, non permittit legatum nostrum dominum Segurium Pardilianum, domus nostræ et intimi consilii præfectum, quem ad illustrissimos Germaniæ principes ablegavimus, Celsitudine vestra non salutata, illinc discedere : ea enim est vis amicitiæ ut liberi non minus quam ipsi parentes (quorum pietatem et virtutes ut plurimum referunt) adamentur. Quamobrem jussimus dicto legato nostro ut Celsitudinem vestram, nostro nomine, plurima impartiretur salute, et de nostra eximia erga illam benevolentia certiorem faceret. Quoniam vero nihil nobis in votis magis est quam quovis genere officii id ipsum testari, et re ipsa declarare potins quam multorum verborum copia exornata, Celsitudinem vestram rogamus ut dicto legato nostro fidem habere et pari benevolentia complecti nos velit. Deus Optimus Maximus Celsitudinem vestram ad majoris dignitatis fastigia provehere et diu incolumem ad nominis sui gloriam conservare dignetur.

Vester bonus consanguineus et frater,


HENRICUS :

ALLIARIUS.


  1. Cette date nous est fournie par l’indication portée au dos de l’original : « Dresden, der 2 februarii 84. » Si cette date s’applique à la réception de la lettre, il semble qu’il faudrait calculer, pour le jour où elle fut écrite, le temps nécessaire à l’envoi, mais comme la réforme du calendrier grégorien, de 1582, n’avait pas été admise dans les états protestants d’Allemagne, le 2 février, vieux style, y répond au 12 février, ainsi que l’on comptait déja en France. Il s’ensuit qu’une lettre reçue à Dresde, le 12 février, avait pu être écrite en Gascogne au commencement de ce mois.
  2. Christian, malgré le titre que lui donne ici le roi de Navarre, n’était pas encore duc de Saxe, car il ne succéda à son père que le 11 février 1586. Mais nous verrons le roi de Navarre lui donner encore ce titre de duc de Saxe dans une lettre de 1585, où la date fait partie de l’original. Il était fils d’Auguste, dit le Pieux, duc de Saxe, et d’Anne de Danemarck. Il mourut le 25 septembre 1591. Voici, au reste, la suscription entière de la lettre du roi de Navarre : « Illustrissimo principi ac domino Domino Christiano, duci Saxoniæ, lantgravio Thuringiæ, marchioni Misniæ, burgravio Magdeburgensi, consanguineo nostro charissimo. »
  3. Cette lettre peut être ainsi traduite :
    « AU TRÈS-ILLUSTRE PRINCE CHRISTIAN, DUC DE SAXE, ETC.

    L’affection toute particulière que nous n’avons cessé de porter au très-illustre prince, père de votre altesse, ne nous permet pas de laisser partir le sieur de Ségur-Pardaillan, surintendant de notre maison et chef de notre conseil privé, que nous envoyons en ambassade auprès des illustres princes de l’Allemagne, sans le charger d’offrir nos salutations à votre altesse. Telle est, en effet, la force de l’amitié qui nous lie à sa famille, que nous ne ressentons pas moins d’affection pour le fils que pour le père, dont on préconise au loin la piété et les vertus. Nous ordonnons en conséquence à notre ambassadeur d’offrir en notre nom nos salutations à votre altesse, et de l’assurer de tout notre dévouement à sa personne. Nous ne formons aucun vœu plus ardent que de pouvoir lui donner des preuves de ce dévouement par toute espèce de services, et le témoigner ainsi plutôt par des faits que par de nombreuses et élégantes paroles. Que votre altesse veuille ajouter pleine foi à tout ce que lui dira notre ambassadeur de notre part, et nous accorder une affection égale à la nôtre. Plaise au Tout-Puissant ajouter sans cesse de nouvelles dignités et de nouveaux honneurs à ceux dont jouit votre altesse, et la conserver pendant de longues années dans une santé prospère pour la gloire de son nom ! »

    Votre affectionné frère et cousin,


    HENRY :

    L’ALLIER. »