Reportages à Salonique (Loti, Le Monde illustré)/05
Conflit turco-serbe
epuis huit jours la position des belligérants
ne semble pas avoir beaucoup changé. On dit
que les Turcs n’ont pas profité complétement
de leurs derniers avantages. Ils sont bien établis
à Zaïtchar, qu’ils ont trouvé à peu près dépeuplé,
mais les Serbes auraient d’assez bonnes positions dans
les défilés qui conduisent à l’intérieur et veulent encore
résister ; la ligne du Timok à la Morava et celle de Negotin
à Kladova étant encore en leur pouvoir.
Au dernier moment, on parle d’un succès des Turcs à Yavar et d’une bataille probable aux environs de Bavja.
Du côté des Monténégrins, même situation critique des Turcs.
L’arrivée du prince Milan à Belgrade, pour la délivrance de la princesse, est la source de bruits divers qu’il n’est pas temps d’enregistrer.
Notre gravure, De Belgrade à Paracin, d’après les croquis de M. Dick, est, comme celle De Paris à Belgrade, la reproduction de ses notes de voyage. Il n’est pas besoin de les développer par un récit détaillé, pas plus que la page suivante, où nous avons réuni les derniers croquis reçus.
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EN SERBIE. — De Belgrade à Paracin. — (Dessin de M. Férat, d’après les croquis de M. Dick, notre envoyé spécial.)
Kruseval est la troisième ville de la Serbie comme importance, et aurait été la capitale de l’ancien royaume de Slavonie. Elle est entourée de palissades qui pourraient, à la rigueur, soutenir l’attaque d’une troupe de cavaliers tcherkesses, mais dont la principale utilité est de contenir le bétail qui y est interné. L’église est un des plus beaux spécimens de l’architecture chrétienne dans ces lointains parages. Quel dommage si, obligés de reculer encore, les pauvres Serbes voient leur pays, si pittoresque, subir le sort de tant de villages envahis.
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Ruines du château du roi Lazare. — Manutention. — Église. — Tente des miliciens de 3e classe. — Boulangerie militaire. — Intérieur de l’église. — Armes de l’ancien royaume de Slavonie. — Vue générale.
EN SERBIE. — Krusevac, ancienne capitale du royaume de Slavonie. — (Dessin de M. Scott, d’après les croquis de M. Dick, notre artiste spécial.)
Le départ des volontaires de Salonique, que nous recevons d’autre part, montre une certaine ardeur dans le parti opposé.
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EN ROUTE POUR LA SERBIE. — Salonique, 21 juillet, 7 heures du soir. — (Dessin de M. Férat, d’après le croquis de M. J. Viaud, notre correspondant.)
Les transports à vapeur continuent d’amener d’Égypte les troupes du vice-roi, et les volontaires s’engagent tous les jours par centaines.
L’arrivée d’une centaine de softas a fait surtout sensation, Ils sont envoyés de Stamboul pour réveiller le fanatisme des soldats. Le fez ou le turban blanc est leur marque distinctive. Les volontaires sont rangés des deux côtés sur leur passage au moment de leur débarquement.
Chaque soir, avant de partir, les enrôlés de la journée font, musique en tête, une promenade bruyante par la ville ; c’est une foule pittoresque de montagnards à moitié sauvages, dont les armes et les costumes semblent n’être pas de notre siècle.
Quelques personnages, toujours les mêmes, payés par le gouvernement sans doute, marchent en tête de ces pauvres gens : ce sont de graves derviches et des hommes coiffés en magiciens, dont le rôle consiste à égayer la marche de ce cortège faisant des facéties au public ; viennent ensuite des grosses caisses, des trompettes, — et toujours les vieux drapeaux verts de Mahomet qui perdront bientôt leur prestige si on continue de tant les prodiguer.
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SALONIQUE. — Débarquement d’une bande de softas enrôlés pour la Serbie. (Dessin de M. Valnay, d’après le croquis de M. J. Viaud)
Dans les quartiers grecs et juifs, la foule se presse sur leur passage ; dans les quartiers turcs, toujours solitaires, quelques femmes voilées paraissent seulement, perchées sur le haut des murailles comme les cigognes, ou assises aux fenêtres derrière d’épais grillages de fer.