Revue des Romans/Galart de Montjoie

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MONTJOIE (Christophe F. L. Ventre de Latouloubre,
plus connu sous le nom de Gallart de), né à Aix (Bouches-du-Rhône), vers 1776, mort le 4 avril 1816.


HISTOIRE DES QUATRE ESPAGNOLS, 4 vol. in-12, 1800 ; cinquième édition, 4 vol. in-12, 1823. — Le sujet principal, le premier mobile et l’intérêt le plus puissant de ce roman est la noble passion de l’amitié. Un grand d’Espagne, don Pedro de Massarena, a pour ami un simple homme de loi, Texado, qui lui a rendu les plus importants services, et qui meurt, laissant peu de fortune à sa veuve et à trois enfants, parmi lesquels est un jeune homme nommé Fernand. Don Pedro n’a qu’un fils unique, don Carlos. Ces deux jeunes gens sont les héros du roman ; ils ont été nourris, élevés ensemble, et sont unis par les nœuds de la plus tendre amitié. Don Pedro est nommé ambassadeur à Naples, et emmène Fernand comme secrétaire d’ambassade, au moment où il était devenu amoureux d’une belle inconnue nommé Joséphine, qui paraît avoir des motifs de cacher soigneusement qui elle est. Don Carlos est resté en Espagne, et cet éloignement des deux amis motive la forme de correspondance donnée au roman. Le quatrième Espagnol est don César de Luza, père de Joséphine, qui passe pour avoir commis un horrible assassinat, dont il est innocent ; mais il n’en a pas moins été condamné et exécuté en effigie, et le gouvernement espagnol fait les plus grands efforts pour se rendre maître de sa personne. Don Pedro découvre sa retraite, s’assure de lui, et Fernand est bien étonné de retrouver dans un de ses amis, l’ermite du Vésuve, le père de sa chère Joséphine. Don César raconte à l’ambassadeur sa tragique histoire, et n’a pas de peine à le persuader de son innocence. Parmi les autres personnages qui jouent un rôle dans le roman, est Rosalie, la plus jeune des sœurs de don Fernand, fort jolie personne dont don Carlos est passionnément amoureux, mais que la fierté de ses parents ne lui permet pas d’épouser ; il tombe malade de chagrin et la langueur qui le consume le conduit aux portes du tombeau. On le croit même mort, et les pénitents viennent pour s’emparer de son corps, lorsque Fernand, qui ne pouvait croire que tout sentiment fût chez lui entièrement éteint, s’oppose avec énergie à l’inhumation de son ami, qu’il parvient, à force de soins, à rappeler à la vie. On devine qu’après le rétablissement de don Carlos, ses parents, effrayés du danger qu’il a couru, lui permettent d’épouser sa chère Rosalie. Fernand se marie avec Joséphine, dont le père est pleinement justifié, par la découverte du véritable coupable du meurtre dont il avait été injustement soupçonné. — En général ce roman a le rare mérite d’être vrai ; les faits n’en sont pas trop extraordinaires ; les sentiments, quoique vifs et profonds, n’en sont point exagérés ; et l’on peut, sinon en conseiller, du moins en permettre la lecture aux jeunes personnes, qui n’y trouveront rien qui puisse leur gâter le cœur ou leur tourner la tête.

On a encore de cet auteur : Manuscrit trouvé au mont Pausilippe, 5 vol. in-12, 1802. — Histoire d’Inès de Léon, 6 vol. in-12, 1805.