Rimes familières/À M. Henri Second

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Rimes familièresCalmann Lévy (p. 74-75).
À M. HENRI SECOND


Réponse à son sonnet
Peines d’amour perdues.


 
Si nous nions le jour pour la lueur fugace,
C’est que depuis l’aurore on égare nos pas,
Avec un soin jaloux nous dérobant la trace
Du droit chemin, qu’hélas ! nous ne connaissons pas.

Le poison du mensonge a nourri notre race,
Le venin dans la coupe abreuve nos repas :
En nos veines il coule et du sang prend la place ;
Le pain de vérité nous donne le trépas.

 
L’esprit faussé depuis la première jeunesse,
Comment goûterions-nous les vrais biens ? notre cœur
A senti du Serpent la trompeuse caresse ;

Il prend pour l’Idéal une impossible ivresse,
Méprisant la Nature et le simple bonheur :
Le Vrai voile sa face et le Faux est vainqueur.