Roméo et Juliette/Traduction Hugo, 1868/Scène XX
Scène XX.
— Tenez, nourrice, prenez ces clefs et allez chercher d’autres épices (115).
— On demande des dattes et des coings pour la pâtisserie.
— Allons ! debout ! debout ! debout ! le coq a chanté deux fois ; — le couvre-feu a sonné ; il est trois heures…
— Ayez l’œil aux fours, bonne Angélique — et qu’on n’épargne rien.
Allez, allez, cogne-fétu, allez — vous mettre au lit ; ma parole, vous serez malade demain — d’avoir veillé cette nuit.
— Nenni, nenni. Bah ! j’ai déjà passé — des nuits entières pour de moindres motifs, et je n’ai jamais été malade.
— Oui, vous avez chassé les souris dans votre temps ; — mais je veillerai désormais à ce que vous ne veilliez plus ainsi.
— Jalousie ! jalousie !
Eh bien, l’ami, — qu’est-ce que tout ça ?
— Monsieur, c’est pour le cuisinier, mais je ne sais trop ce que c’est.
— Hâte-toi, hâte-toi.
Maraud, apporte des bûches plus sèches, — appelle Pierre, il te montrera où il y en a.
— J’ai assez de tête, monsieur, pour suffire aux bûches — sans déranger Pierre.
— Par la messe, bien répondu. Voilà un plaisant coquin ! Ah ! — je te proclame roi des bûches… Ma foi, il est jour. — Le comte va être ici tout à l’heure avec la musique, — car il me l’a promis.
Je l’entends qui s’avance… — Nourrice ! Femme !… Holà ! nourrice, allons donc !
— Allez éveiller Juliette, allez, et habillez-la ; — je vais causer avec Pâris… Vite, hâtez-vous, — hâtez-vous ! le fiancé est déjà arrivé ; — hâtez-vous, vous dis-je.