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Sonnet à Édouard Noël

La bibliothèque libre.
Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 220-221).

À ÉDOUARD NOËL

Avril rouvre l’azur à l’haleine des fleurs
Qui, sur l’aile des vents, vient baiser ses pieds roses,
Rattache la verdure au front des bois moroses
Et des lis matinaux ranime les pâleurs.

Fait de l’enchantement radieux des couleurs.
C’est le mois des réveils et des métamorphoses.
Mais, sur le sort fragile et rapide des choses
La pitié du matin verse déjà des pleurs.

Le rossignol au soir, dans sa plainte éperdue,
Chante la floraison si vite descendue
Des lilas aux rosiers défleuris à leur tour.

Un espoir éternel en vain dans l’air frissonne,
Et, sans faire un instant oublier à personne
Que tout naît pour mourir — les roses et l’amour !