Sonnet (« Mes amis, il vous est arrivé »)

La bibliothèque libre.
Traduction par Gérard de Nerval.
Garnier frères (p. 400-401).

SONNET.


Mes amis, il vous est arrivé peut-être de fixer sur le soleil un regard, soudain abaissé ; mais il restait dans votre œil comme une tache livide, qui longtemps vous suivait partout.

C’est ce que j’ai éprouvé : j’ai vu briller la gloire, et je l’ai contemplée d’un regard trop avide… Une tache noire m’est restée depuis dans les yeux.

Et elle ne me quitte plus, et, sur quelque objet que je fixe ma vue, je la vois s’y poser soudain, comme un oiseau de deuil.

Elle voltigera donc sans cesse entre le bonheur et moi ?… — Ô mes amis, c’est qu’il faut être un aigle pour contempler impunément le soleil et la gloire !