Sonnet oriental (Émile Van Arenbergh)

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Sonnet oriental


Je rêve un Orient aux mortelles féeries,
Où la mort elle-même est une volupté ;
— Terre étrange, où le mal est aussi la beauté,
Où le boa vous broie entre des pierreries.

Là le mancenillier lève un rouge éventail ;
L’aspic, ouvrant sa gueule à l’oiseau qui voltige,
Semble une fleur de sang qui rampe sur sa tige,
Et rauquent leurs cris faux les perruches d’émail.

Blanche aïeule, la lune, ô poète, s’incline,
Et, tournant ses fuseaux d’astres, dans le ciel clair,
Pour t’en faire un linceul tisse sa mousseline.

L’hyène impure et lâche y déchire ta chair,
Et le condor, gorgé d’entrailles et de moelles,
Avec ton cœur au bec plane dans les étoiles.