Sonnets (Fuster)/Mort et morte

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Librairie Nouvelle ; Librairie Universelle (Anthologie Contemporaine. vol. 38) (p. 11).
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MORT ET MORTE



Oui, vous m’avez trahi pour l’amant inconnu
Dont les baisers d’une heure ont déchiré ma vie.
Je n’ai pas de colère et je n’ai pas d’envie :
L’amour tué vous garde un sourire ingénu.

J’ai vu votre âme entière et votre cœur à nu.
Lorsque vous m’avez dit : « Le remords purifie, »
J’ai cru que la douleur d’oubli serait suivie.
Le temps triste a passé : l’oubli n’est pas venu.

Vos larmes me font mal, et c’est pourquoi je pleure.
Mais de ce qui fut moi rien en moi ne demeure
Sinon des souvenirs qui se plaignent tout bas.

Oh ! ne viens plus jamais sangloter à ma porte !
Je ne méprise pas, vois-tu, je ne hais pas :
Je t’aime comme un mort aimerait une morte.