Souvenirs de la Sicile/Notice sur quelques artistes de l’antiquité qui ont fleuri en Sicile

La bibliothèque libre.

NOTICE
SUR
QUELQUES ARTISTES DE L’ANTIQUITÉ
QUI ONT FLEURI EN SICILE.




Quoique les arts aient illustré la Sicile à plusieurs époques et que ses monumens en soient les meilleures preuves, le temps ne nous a conservé les noms que d’un petit nombre d’artistes siciliens qui aient joui de quelque célébrité.

Dans le VI.e siècle avant J. C., vers l’an 560, Périllus d’Agrigente, en société avec Dontas de Lacédémone, fondit le taureau où Phalaris enfermait et faisait brûler les malheureux dont il voulait se défaire.

Vers l’an 436 avant J. C., Démophile d’Himère et Gorgasus introduisirent en Italie l’art de la peinture ; ils travaillèrent au temple de Cérès à Rome, et leurs peintures se conservèrent très-long-temps : le plus grand titre de Démophile à la célébrité est d’avoir été le maitre de Zeuxis.

Parmi les sculpteurs qui furent employés par Gélon et Hiéron, on cite Micon de Syracuse, fils de Nicomaque. Phæax d’Agrigente travailla au char de Hiéron avec Calamis, Onatas et Calynthus, qui n’étaient pas nés en Sicile, mais dans l’île d’Égine, d’où était également originaire Glaucias qui avait fait le beau char de Gélon ; ce qui prouve qu’il n’y avait pas beaucoup d’artistes en Sicile, puisqu’alors on eut recours à ceux d’Égine. Il est aussi question d’un Pythagore de Leontium, statuaire habile : mais le passage de Pline où il en est fait mention est très-obscur ; il paraît que les ouvrages que le naturaliste romain attribue à ce prétendu Pythagore de Leontium étaient de Pythagore de Rhegium, qui avait fait la statue de l’athlète Léontiscus, qu’on trouve citée par Pausanias. La ressemblance des noms a pu causer cette méprise, Pline n’écrivant que d’après d’autres auteurs, et Pausanias ayant sur lui l’avantage d’avoir vu la statue et peut-être aussi le nom qui pouvait y être inscrit.

Sous les successeurs d’Alexandre, les arts brillèrent de quelque éclat en Sicile ; mais il ne paraît pas que cette période ait été de longue durée. Il n’est pas question d’artistes siciliens sous la domination de Hiéron II, qui régna paisiblement depuis 279 avant J. C. jusqu’en 312 ou 315. Marcellus, après la prise de Syracuse, fit enlever et transporter à Rome la plupart des tableaux et des statues qui décoraient cette ville ; c’est ce qui apprit aux Romains à apprécier les chefs-d’œuvre des beaux-arts, et ce qui leur en donna le goût. Tite-Live fait observer que cette spoliation de la Sicile, d’où l’on avait emporté les statues des dieux et celles qui servaient à l’embellissement des villes, ainsi que des maisons des particuliers, offrit un exemple dangereux, dont les conséquences devinrent funestes aux dieux et aux monumens de Rome, et même au temple que Marcellus avait orné des dépouilles et des statues des dieux vaincus de la Sicile.