Souvenirs de prison/Loyal avertissement

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Loyal avertissement.

L’auteur, dès cette première ligne, tient à prévenir qu’il ne parlera maintenant que de lui jusqu’à la table des matières inclusivement (si toutefois il en met une).

Il aurait de beaucoup préféré, dans cette étude sur le régime pénitentiaire, mettre en scène un autre personnage, et par exemple le premier ministre de la Province de Québec. Malheureusement, M. Gouin n’a pas encore été en prison.

Cela viendra tôt ou tard, il faut l’espérer. En attendant, comme ce n’est pas M. Gouin qui a porté la livrée, mangé le skelley ou couché en cellule, mais l’auteur lui-même, on voudra bien lui pardonner, à ce malheureux auteur, si c’est de lui qu’il parle, et non pas de l’autre. Le journalisme mène à tout, proclamait un jour M. Prud’homme. Tour à tour reporter à la Presse, rédacteur au Canada, puis au Nationaliste…, l’auteur de ces lignes a pu vérifier tout à son goût l’exactitude de cette parole. Le journalisme l’a mené tour à tour à la cour du recorder et à l’archevêché, aux conférences littéraires et aux cérémonies religieuses, — dans les maisons hantées, les cabinets de ministres, les parlements de Québec et d’Ottawa, l’hôtel de ville de Montréal et autres mauvais lieux.

Le journalisme l’a même conduit un jour en prison pour son compte personnel. Charmant souvenir, dont il demande la permission d’entretenir un moment le lecteur.