Texte de Wikisource mis en vedette le 25 décembre

Œuvre collective, Dictionnaire dit « de Trévoux », article Noël 1771


NOËL. s. m. Ce mot ne se prononce pas tout-à-fait comme il est écrit no-ël, ni aussi comme nouel, mais d’un son mitoyen, qui participe de ces deux orthographes. Christi natalis dies, natalibus Domini sacer dies. Fête de la Nativité de N. S. L’Avent de Noël est le tems d’un mois, pendant lequel on attend la Fête de Noël, & on se prépare à la célébrer. Neuf jours devant ce saint jour, on s’y prépare d’une manière plus particulière, & on chante dans l’Église les Antiennes qu’on appelle les O, parce qu’elles commencent toutes par O. C’est en ce tems-là qu’on célèbre dans l’Espagne, le Portugal & ailleurs, la Fête qu’on appelle l’Attente des couches de la sainte Vierge : Expectatio partûs Beatæ Virginis. O, est la marque d’un souhait, & d’un ardent désir, pour marquer les souhaits & les vœux que les anciens Patriarches, Prophètes & les ames saintes de l’ancien Testament, avoient de la venue du Messie, après laquelle ils soupiroient, & qu’ils demandoient par ces aspirations, ô Sapientia ! ô Sagesse ! ô Adonai ! ô Notre-Seigneur ! ô Radix Jessé ! ô Racine de Jessé ! ô Clavis David ! ô Clef de David ! ô Oriens ! ô Orient ! ô Rex gentium ! ô Roi des Nations ! ô Emmanuel ! ô Dieu avec nous, &c.

Les Arméniens, au moins au XIIe siècle, ne faisoient qu’une Fête de Noël & de l’Épiphanie. La 33e Homélie du Ve Tome de saint Jean Chrysostôme, nous apprend qu’il y avoit peu de tems qu’on célébroit à Antioche la Fête de Noël, le 25 Décembre, comme une fête distinguée de celle de l’Épiphanie ; & que cet usage étoit venu d’occident. Ce fut donc vers l’an 377, qu’il commença à Antioche. Voyez M. De Tillemont, Hist. Eccl. T. XIII. p. 364. Voyez Nativité.

Noel, se dit aussi d’une chanson spirituelle, faite en l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; auquel sens le mot de Noël a un pluriel. Noël nouveau. Natalitium Christi canticum, carmen. La grande Bible des Noëls, Pasquier dit, Rech. L. IV. chap. 16, que de son tems on chantoit encore en plusieurs Églises des Noëls pendant la Grand'Messe le jour de Noëls.

Noel. est aussi un cri de joie par lequel on témoigne souhaiter l'avénement du Messie. Natalis dies. On crioit autrefois Noël en toutes sortes de Fêtes & réjouissances publiques. Ainsi le peuple chanta Noël au baptême de Charles VI. & quand Charles VII. fit son entrée dans Paris en 1437, & d'autres occasions rapportées par Monstrelet, Alain Chartier & dans la Chronique de Louis XI remarquées par André du Chesne, & par Pasquier, Rech. L. IV. c. 16.

Les Noëls de M. D. L. M. firent d'abord bien murmurer les dévots, & excitèrent une espèce d'orage contre l'Auteur. Ils ont tenu bon cependant, & se sont sauvés, tant parce qu'on pardonne beaucoup à la naïveté du patois, qu'à cause qu'ils ne sont guère entendus hors de la province pour laquelle ils ont été faits. Ils passent pour le plus spirituel ouvrage de M. D. L. M. Lettre mis. du 13 de Janv. 1729. Ces Noëls parurent en 1701. C'est le sieur Ressayre, Libraire & Imprimeur à Dijon, qui en a donné les deux premières éditions. Idem, aux mots Deparre & Meignarve.

On appelle communément buche de Noël, une grosse bûche qu'on met au feu la veille de Noël, afin qu'elle tienne le feu pendant toute la nuit. En quelques lieux on l'appelle le Treseau de Noël.

On dit proverbialement, on chante tant Noël, qu'il vient, pour