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Je veux, réalisant mon rêve le plus cher,
Je veux, réalisant mon rêve le plus cher,
En voyage oubliant un passé trop amer,
En voyage oubliant un passé trop amer,
Gravir les monts neigeux, , parcourir les prairies,
Gravir les monts neigeux, parcourir les prairies,
Où le barde inspiré cueille ses rêveries ;
Où le barde inspiré cueille ses rêveries ;
Je veux sentir mon âme exaltée à la fois
Je veux sentir mon âme exaltée à la fois
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Monotone et semblable au glas de l’Océan.
Monotone et semblable au glas de l’Océan.
Partout, j’admirerai, pendant mes longues veilles,
Partout, j’admirerai, pendant mes longues veilles,
Tout ce qu’en —mon pays Dieu sema de merveilles :
Tout ce qu’en mon pays Dieu sema de merveilles :
Le roc géant, creusé par le Niagara ;
Le roc géant, creusé par le Niagara ;
L’antre où pour expirer, le ''mammouth'' pénétra ;
L’antre où pour expirer, le ''mammouth'' pénétra ;

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( 109 )

Ah ! je veux voyager ; je veux, de ma cité
Jusqu’au Niagara d’un seul vol emporté,
Comme un prodigue enfant lassé de la famille,
Un triste prisonnier qui brise enfin sa grille,
Je veux dormir au bruit de la roue à vapeur,
Dans le berceau vibrant qui s’avance en vainqueur ;
Je veux, loin d’une terre à tous moments foulée,
Voir du Mississipi la fertile vallée ;
Je veux, réalisant mon rêve le plus cher,
En voyage oubliant un passé trop amer,
Gravir les monts neigeux, parcourir les prairies,
Où le barde inspiré cueille ses rêveries ;
Je veux sentir mon âme exaltée à la fois
Par des accords sans fin et d’innombrables voix ;
Par l’orchestre des lacs, des bois et des savanes,
Loin des sentiers foulés et des regards profanes !
Dans les sombres forêts, dans les vastes déserts,
Ravi, j’écouterai de solennels concerts ;
J’écouterai, la nuit, les lointaines cascades,
Du grand temple ébranlant toutes les colonnades ;
Et l’orgue des sapins qu’anime l’ouragan,
Monotone et semblable au glas de l’Océan.
Partout, j’admirerai, pendant mes longues veilles,
Tout ce qu’en mon pays Dieu sema de merveilles :
Le roc géant, creusé par le Niagara ;
L’antre où pour expirer, le mammouth pénétra ;
Et les coteaux fleuris, et les sommets arides,
Et l’odorant jardin des riantes Florides,
Où le fleuve insoumis parait et disparaît,
En se frayant sous terre un passage secret
Je verrai l’herbe inculte, immense, monotone,
Ondoyer mollement aux souffles de l’automne ;
Les buffles, traversant l’océan de roseaux,
Éveiller des essaims d’insectes et d’oiseaux ;
Et les troupeaux, amis des vertes solitudes ;
Et, sur le bord des lacs, les fauves multitudes ;
Tous ces peuples divers, qui, dans leur liberté,
Du Dieu qui les nourrit proclament la bonté ! —
Oh ! oui, j’admirerai cette vierge nature,
Où Dieu, plus familier, parle à sa créature !
Oui, je verrai ces lieux décrits par vous, Bryant,
Irving, Cooper, Schoolcraft, et toi, Chateaubriand ! —
Puis, vers les lieux, empreints des pas d’Évangéline,
Pèlerin, je suivrai ma Muse pèlerine ;
Ému, je redirai, sur chaque bord lointain,
Les vers majestueux du Scalde Américain. —
Et, non loin de Richmond, fleur de la Virginie,
Visitant l’humble enclos d’un virginal génie,
De ta plaintive voix, Susanne Archer Talley,
Ma Muse fraternelle écoutera le lai.