« Les Éblouissements/Douleur » : différence entre les versions

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Version du 28 juin 2020 à 10:39

Comtesse Mathieu de Noailles ()
Calmann-Lévy, éditeurs (p. 347-348).
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DOULEUR


Je souffre. Le soir est léger.
Il est comme dans mon enfance,
Mais toute l’humaine souffrance
Fane le monde et le verger.

Hélas ! comme le corps est triste !
Quel sombre dieu vient l’étrangler ?
À peine peut-on avaler ;
Pourquoi faut-il que l’on existe ?

Il semble que tout l’univers,
L’odeur, le frisson, le ramage,
Ne sont que la plaintive image
Du sang coulant d’un cœur ouvert.

Des parfums de rose ottomane,
De jasmins, foulés par l’été,
De pollen touffu, duveté,
Tombent comme une molle manne.


Voici que court et que descend
Le long de la verte colline,
Frais comme la brise saline
Le vent allègre et nourrissant.

Mais la détresse âpre et puissante
S’allonge en moi, s’étire en moi,
Et fait crier mon corps étroit
Sous sa pression bondissante.

Le cèdre énorme du Liban
N’a pas de plus forte armature
Que cette ineffable torture
Qui m’écartèle au soir tombant.

Je contemple l’ombre, l’érable,
Le temps si beau, le ciel si doux.
Je suis, ce soir, fière de vous,
Ô ma douleur incomparable !…