« Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/320 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée

Dernière version du 28 juin 2020 à 13:34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En supposant même un empressement qui n’était pas dans les habitudes du temps, et encore moins dans celles de la cour de Vienne, il ne fallait pas un moindre délai pour que des troupes engagées au fond de la Bohème fussent ramenées et prêtes à combattre, au-delà soit du Rhin, soit des Alpes : en attendant, l’Angleterre restait aux prises avec une insurrection qui paralysait toutes ses forces ; et la Hollande, menacée sur sa frontière sans défense, pouvait redouter à tout moment une attaque victorieuse de Maurice de Saxe. Le champ restait donc libre, momentanément, à l’action des armes françaises. C’était un répit de quelques instans, précieux à mettre à profit, et de véritables jours de grâce dont il ne fallait perdre ni une heure, ni une minute.

Celui qui aurait dû sentir le plus vivement cette nécessité d’aller vite et de frapper fort, c’était le ministre de Louis XV, dont la responsabilité était le plus directement engagée, puisque, averti à temps de la défection de Frédéric, il avait négligé l’occasion, sinon d’en tirer vengeance, au moins de profiter de la liberté qui lui était rendue pour conclure de son côté une paix avantageuse avec l’Autriche. Entre la Prusse, qui se retirait, et l’Autriche qui s’offrait, d’Argenson, j’ai dû le raconter, avait fait un choix dont il continuait à s’applaudir. C’était bien le moins qu’il eût prévu et se tînt prêt à prévenir les suites inévitables de sa préférence. Loin de là, la résignation, le contentement même qu’il témoignait étaient l’indice qu’il ne se rendait qu’imparfaitement compte de la situation nouvelle qu’il avait laissé faire à la France. Il persévérait à penser que la paix particulière, conclue entre notre allié de la veille et notre ennemie, pouvait servir d’acheminement vers une paix plus générale. L’Autriche, suivant lui, venait de faire preuve de dispositions conciliantes, et la Prusse, d’une puissance dont il ne tenait qu’à elle d’user pour imposer sa médiation.

« Je vais, écrivait-il, le 6 janvier, au chargé d’affaires de France en Bavière, vous confier un grand secret : je connais assez votre prudence et votre discrétion pour juger que TOUS en forez usage, conformément aux intentions du roi. Pendant le peu de séjour que le comte d’Harrach vient de faire en Saxe, il a eu quelques pourparlers avec le marquis de Vaulgrenant, sur les conditions auxquelles la paix pourrait être faite, entre Sa Majesté et la reine de Hongrie. La conclusion de l’accommodement entre les cours de Vienne et de Berlin n’empêche pas que ces ouvertures aient été suivies par M. de Vaulgrenant, et comme il compte revenir ici à la fin du mois, nous nous en remettons à vous pour écrire, par quelque voie sûre et secrète, au comte d’Harrach, à Vienne (où nous jugeons qu’il est retourné), que le roi, informé des dispositions