« Poème de l’amour/153 » : différence entre les versions

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CLIII


Il faudra bien pourtant que le jour vienne, un jour,
              Où je ne pourrai plus t’aimer,
Où mon cœur sera dur, mon esprit sombre et sourd,
              Ma main froide et mes yeux fermés !

Cet inutile effort pour ne pas te quitter,
              Ce vain espoir de vivre encor,
L’horreur de déserter ma place à ton côté,
              C’est cela, rien d’autre, la mort !

— Ce n’est plus cette angoisse et ce scandale altier
              De sombrer dans un noir séjour,
De ne plus se sentir robuste et de moitié
              Dans tous les mouvements du jour !


Ce n’est plus ce regret et ce décent orgueil
              D’adresser aux cieux constellés
L’adieu méditatif et stupéfait d’un œil
              Qui fut à leurs astres mêlé,

— Mais n’être plus, parmi les humains inconnus,
              Qui vont chacun à leur labeur,
La main forte et fidèle où tes doigts ont tenu,
              Le sein où s’est posé ton cœur ;

N’être plus le secret qui dit : C’est moi qui prends
              Ce qui te tourmente et te nuit ;
N’être plus ce désir anxieux et souffrant
              Qui songe à ton sommeil, la nuit ;

N’être plus ce brasier, qui tient ses feux couverts,
              Dont parfois tu n’as pas besoin !
Mais qui saurait t’offrir un brûlant univers,
              Si tes vœux réclamaient ce soin.

N’avoir plus, — ayant tout acquis et possédé, —
              Cette tâche, modeste enfin,
De pouvoir, sans emphase, être prête à t’aider
              Quand ton esprit a soif et faim,


Voilà ce qui m’effraie et comble de douleur
              Une âme à présent sans fierté.
— Car j’ai vraiment rendu de suffisants honneurs
              Aux cieux inhumains de l’été !…