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sa capitale, n’a pas une aussi grande masse de population. Il en résulte que le peuple
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proprement dit est, à l’égard de l’ensemble des habitans, dans une proportion beaucoup
proprement dit est, à l’égard de l’ensemble des habitans, dans une proportion beaucoup
moindre qu'ailleurs, et qu’on trouve dans les classes inférieures plus de réflexion,
moindre qu’ailleurs, et qu’on trouve dans les classes inférieures plus de réflexion,
plus de dignité individuelle. Une franchise qui devient souvent de la rudesse, un sentiment
plus de dignité individuelle. Une franchise qui devient souvent de la rudesse, un sentiment
d’honneur accompagné d’une grande susceptibilité, à laquelle se joint assez
d’honneur accompagné d’une grande susceptibilité, à laquelle se joint assez

Dernière version du 20 mai 2021 à 10:52

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dans les paroles qu’accompagne la mandoline, si dans les conversations bruyantes des groupes il n’y a pas ni beaucoup de vigueur ni beaucoup de délicatesse, on y remarque du moins de l’esprit et de la raison. Le peuple des autres villes maritimes, par exemple de Bahia, de Pernambouc, ressemble, il est vrai, à celui de Rio-Janeiro ; mais il y a moins de légèreté dans les habitans de ces villes, surtout dans ceux de Pernambouc. Ceux-ci ont plus de penchant à s’attacher à un sujet quelconque, à s’y livrer avec passion et de toute leur ame ; aussi paraissent-ils à la fois plus impétueux et plus grossiers.

Les habitans des provinces de l’intérieur et du sud sont bien différens de ceux des provinces du nord et de la côte. C’est ce que l’on remarque principalement chez les Paulistes et les Mineiros, ce qui n’empêche pas qu’il n’y ait encore des divergences locales d’affaires et de mœurs, qui modifient à leur tour le caractère provincial. Le commerce extérieur de la province de San Paulo n’est pas aussi animé que celui de Rio-Janeiro ; elle est moins peuplée que les provinces maritimes, et Santos même, sa capitale, n’a pas une aussi grande masse de population. Il en résulte que le peuple proprement dit est, à l’égard de l’ensemble des habitans, dans une proportion beaucoup moindre qu’ailleurs, et qu’on trouve dans les classes inférieures plus de réflexion, plus de dignité individuelle. Une franchise qui devient souvent de la rudesse, un sentiment d’honneur accompagné d’une grande susceptibilité, à laquelle se joint assez fréquemment un esprit méfiant et vindicatif, enfin, de l’audace, de la force physique, de l’adresse et une infatigable activité pour toutes sortes d’entreprises, tels sont les caractères qui dès les premiers temps de la colonie ont distingué les Paulistes du reste des habitans.

L’histoire de San Paulo est, sous bien des rapports, la partie la plus essentielle de celle du Brésil. L’amour des Paulistes pour la liberté fit naître de nombreuses contestations, tant entre eux qu’avec le gouvernement que la métropole avait établi dans ce pays. Au seizième siècle cet esprit d’indépendance prit de tels développemens qu’on y vit pendant quelque temps régner des formes toutes républicaines. Les historiens portugais ont fait aux Paulistes une fort mauvaise réputation relativement à leur esprit de trouble et d’insubordination, réputation que d’ailleurs ils ont bien méritée par la cruauté avec laquelle ils s’attachèrent à poursuivre et à détruire les Indiens, et à paralyser les efforts bienfaisans des jésuites.

Il est des faits qui donnent à l’histoire de San Paulo un grand intérêt, et qui justifient l’orgueil que les Paulistes fondent sur leur origine : telles sont leurs entreprises hardies contre les Indiens ou contre d’autres ennemis, par exemple contre ceux de la