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pour le moment à démontrer cette supériorité de l’Angleterre et qui consiste dans la comparaison d’une maison habitée par des gens de la bourgeoisie aisée d’Angleterre, avec des maisons habitées par des gens de même condition sur le continent. Je prends bien entendu comme exemple des maisons bâties et décorées plus ou moins récemment de part et d’autre et, ceci étant donné, la différence de goût et de culture artistique sera, je crois, claire et visible pour tous.
pour le moment à démontrer cette supériorité de l’Angleterre et qui consiste dans la comparaison d’une maison habitée par des gens de la bourgeoisie aisée d’Angleterre, avec des maisons habitées par des gens de même condition sur le continent. Je prends bien entendu comme exemple des maisons bâties et décorées plus ou moins récemment de part et d’autre et, ceci étant donné, la différence de goût et de culture artistique sera, je crois, claire et visible pour tous.


La maison anglaise est divisée en chambres bien proportionnées, chaque chambre bien appropriée à sa destination, chaque objet, chaque meuble de la chambre concourant à former un ensemble, de façon que la chambre offre, sinon un style défini, du moins une unité décorative. Ce qu’on appelle en Angleterre des « {{lang|en|artistic wall papers}} », des papiers peints dont les modèles ont été dessinés par des artistes tels que William Morris et Walter Crane, décorent les murailles ; des rideaux de mousseline, de gaze ou de cretonne légère aux teintes fines et délicates, au dessin plaisant à recomposer et à suivre, encadrent les fenêtres sans les voiler et sans empêcher le jour de pénétrer dans la chambre ; les tapis, les tentures et les meubles viennent de magasins qui s’intitulent eux-mêmes « magasins artistiques » et qui méritent leur nom en ce sens que les modèles des objets qu’ils vendent sont dessinés par des artistes en renom et ne constituent pas la reproduction mécanique de styles d’époques écoulées ; en sorte qu’il y a non seulement « comfort » mais plaisir intellectuel à habiter ou à visiter une pareille maison.
La maison anglaise est divisée en chambres bien proportionnées, chaque chambre bien appropriée à sa destination, chaque objet, chaque meuble de la chambre concourant à former un ensemble, de façon que la chambre offre, sinon un style défini, du moins une unité décorative. Ce qu’on appelle en Angleterre des « {{lang|en|artistic wall papers}} », des papiers peints dont les modèles ont été dessinés par des artistes tels que William Morris et Walter Crane, décorent les murailles ; des rideaux de mousseline, de gaze ou de cretonne légère aux teintes fines et délicates, au dessin plaisant à recomposer et à suivre, encadrent les fenêtres sans les voiler et sans empêcher le jour de pénétrer dans la chambre ; les tapis, les tentures et les meubles viennent de magasins qui s’intitulent eux-mêmes « magasins artistiques » et qui méritent leur nom en ce sens que les modèles des objets qu’ils vendent sont dessinés par des artistes en renom et ne constituent pas la reproduction mécanique de styles d’époques écoulées ; en sorte qu’il y a non seulement « {{lang|en|comfort}} » mais plaisir intellectuel à habiter ou à visiter une pareille maison.


La maison française ou belge au contraire, en admettant que les chambres en soient bien proportionnées, ce qui est rare, ne présente ni pareil « comfort » ni pareil souci de la décoration : les chambres ne paraissent guère avoir reçu une destination spéciale ; elles sont généralement encombrées de meubles, le nombre et la symétrie de ces meubles semblant réglés plutôt par l’usage et la convention que par la {{tiret|destina|tion}}
La maison française ou belge au contraire, en admettant que les chambres en soient bien proportionnées, ce qui est rare, ne présente ni pareil « {{lang|la|comfort}} » ni pareil souci de la décoration : les chambres ne paraissent guère avoir reçu une destination spéciale ; elles sont généralement encombrées de meubles, le nombre et la symétrie de ces meubles semblant réglés plutôt par l’usage et la convention que par la {{tiret|destina|tion}}

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pour le moment à démontrer cette supériorité de l’Angleterre et qui consiste dans la comparaison d’une maison habitée par des gens de la bourgeoisie aisée d’Angleterre, avec des maisons habitées par des gens de même condition sur le continent. Je prends bien entendu comme exemple des maisons bâties et décorées plus ou moins récemment de part et d’autre et, ceci étant donné, la différence de goût et de culture artistique sera, je crois, claire et visible pour tous.

La maison anglaise est divisée en chambres bien proportionnées, chaque chambre bien appropriée à sa destination, chaque objet, chaque meuble de la chambre concourant à former un ensemble, de façon que la chambre offre, sinon un style défini, du moins une unité décorative. Ce qu’on appelle en Angleterre des « artistic wall papers », des papiers peints dont les modèles ont été dessinés par des artistes tels que William Morris et Walter Crane, décorent les murailles ; des rideaux de mousseline, de gaze ou de cretonne légère aux teintes fines et délicates, au dessin plaisant à recomposer et à suivre, encadrent les fenêtres sans les voiler et sans empêcher le jour de pénétrer dans la chambre ; les tapis, les tentures et les meubles viennent de magasins qui s’intitulent eux-mêmes « magasins artistiques » et qui méritent leur nom en ce sens que les modèles des objets qu’ils vendent sont dessinés par des artistes en renom et ne constituent pas la reproduction mécanique de styles d’époques écoulées ; en sorte qu’il y a non seulement « comfort » mais plaisir intellectuel à habiter ou à visiter une pareille maison.

La maison française ou belge au contraire, en admettant que les chambres en soient bien proportionnées, ce qui est rare, ne présente ni pareil « comfort » ni pareil souci de la décoration : les chambres ne paraissent guère avoir reçu une destination spéciale ; elles sont généralement encombrées de meubles, le nombre et la symétrie de ces meubles semblant réglés plutôt par l’usage et la convention que par la destina-

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