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des portefaix, qui est investie d’un privilège exactement pareil à celui qu’avaient à Rouen les quatre-vingt-dix officiers du roi, porteurs, chargeurs et déchargeurs de grains, dont Turgot fit justice, avec cette différence que le monopole des portefaix marseillais s’étend à toutes les marchandises. La conséquence de ce régime est facile à deviner : les frais d’entrepôt sont à Marseille huit ou dix fois ce qu’ils devraient être, et les grains ne viennent s’y entreposer que parce qu’ils ne peuvent faire autrement. Les frais perçus au profit des seuls portefaix pour l’entrée et la sortie d’un sac de blé, dont la valeur, tous droits de douane à part, n’est quelquefois que de 16 à 17 francs, sont de 1 fr. 55 cent. ; avec un droit municipal de mesurage, ils vont à 1 fr. 75 cent. ; c’est plus de 10 pour 100 de la valeur de la marchandise. A Gênes et à Livourne, où l’on n’emploie peut-être pas les moyens les plus perfectionnés, la totalité des frais que supporte un sac de blé ne dépasse pas 35 cent.

L’usage s’est établi dans le monde depuis quelque temps de moudre en entrepôt. Par là, des blés récoltés dans des pays où les arts mécaniques sont peu avancés viennent chez des peuples plus manufacturiers recevoir une façon, solder une main-d’œuvre, et puis, sous la forme de farine, offrir à la marine marchande une matière d’exportation d’un débit commode. Tout se passe à l’entrepôt, au-delà de la ligne des douanes, et par conséquent les blés ne supportent aucun droit, ce qui rend l’opération plus facile. Nous qui excellons aujourd’hui dans l’art du meunier et qui avons sur le littoral des villes populeuses, nous devrions encourager la mouture à l’entrepôt, lui faire même quelques faveurs. Ce serait un moyen de plus d’occuper les bras, et, ce qui est plus précieux encore, d’attirer chez nous en entrepôt une grande quantité de blés étrangers qui, en cas de besoin, nous approvisionneraient nous-mêmes. Jusqu’à présent nous nous en sommes bien gardés. La faculté de moudre à l’entrepôt n’est accordée exceptionnellement qu’à Marseille et peut-être à deux ou trois autres villes tout au plus. Cette, qui est à la fois un port plein de mouvement et une ville industrieuse, l’avait sollicitée : on la lui a refusée. A Marseille même, on la subordonne à des conditions capricieuses, fantasques, contraires à l’intérêt public. Ainsi, à l’origine, la mouture à l’entrepôt s’étendait à toute espèce de blé. Des cultivateurs de l’intérieur ont réclamé sous prétexte que la farine ainsi obtenue était clandestinement introduite dans la consommation française, ce qui est difficile à croire, et ce qu’il serait facile de prévenir. C’est fort dommageable, ont-ils dit, parce que ces farines sont d’une qualité supérieure et nous empêchent de vendre les nôtres. L’administration, faisant droit à la requête, a limité la faculté de mouture à l’entrepôt. « Elle est retirée, » nous citons textuellement l’ordonnance, « aux richelles (blés supérieurs) de Naples, et généralement aux