« Page:Tolstoï - Qu’est-ce que l’art ?.djvu/47 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
YannBot (discussion | contributions)
m Bot: creating page with texte extracted from DjVu
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
Baumgarten estime que l’incarnation suprême de la beauté nous apparaît dans la nature, et il en conclut que l’objet suprême de l’art est de copier la nature : encore une conclusion qui se trouve en contradiction directe avec celles des esthéticiens postérieurs.
LA BEAUTÉ 27


Nous passerons, si l’on veut bien, sur les successeurs immédiats de Baumgarten, Maier, Eschenburg, et Eberhard, qui n’ont fait que modifier légèrement la doctrine de leur maître en distinguant l’agréable d’avec le beau. Mais il convient de citer les définitions données par d’autres contemporains de Baumgarten, tels que Sulzer, Moïse Mendelssohn, et Moritz, qui, se mettant déjà en contradiction formelle avec lui, assignent pour objet à l’art non pas la beauté, mais la bonté. Pour Sulzer (1720-1777), par exemple, cela seul peut être considéré comme beau qui contient une part de bonté ; la beauté est ce qui évoque et développe le sentiment moral. Pour Mendelssohn (1729-1786), le seul but de l’art est la perfection morale. Ces
Baumgarten estime que rincarnatîon suprême de
esthéticiens détruisent de fond en comble la distinction établie par Baumgarten entre les trois formes du parfait, le vrai, le beau, et le bien ; ils
la beauté nous apparaît dans la nature, et il en
rattachent le beau au vrai et au bien.
conclut que l'objet suprême de l'art est de copier
la nature : encore une conclusion qui se trouve en
contradiction directe a-ec celles des esthéticiens
postérieurs.

Nous passerons, si l'on veut bien, sur les suc-
cesseurs immédiats de Baumgarten, Maier, Eschen-
burg, et Eberhard, qu" n'ont fait que modifier
légèrement la doctrine de leur maître en distin-
guant l'agréable d'avec le beau. Mais il convient
de citer les définitions données par d'autres con-
temporains de Baumgarten, tels que Sulzer, Moïse
Mendelssohn, et Moritz, qui, se mettant déjà en
contradiction formelleavec lui, assignentpourobjet
à l'art non pas la beauté, mais la bonté. Pour Sul-
zer (1720-13(77), par exemple, cela seul peut être
considéré comme beau qui contient une part de
bonté; la beauté est ce qui évoque et développe le
sentiment moral. Pour Mendelssohn (1729- 1786),
le seul but de l'art est la perfection morale. Ces
esthéticiens détruisent de fond en comble la dis-
tinction établie par Baumgarten entre les trois
formes du parfait, le vrai, le beau, et le bien; ils
rattachent le beau au vrai et au bien.

��
Pied de page (noinclude) :Pied de page (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :

<references/>
<references/>

Version du 25 novembre 2010 à 17:01

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Baumgarten estime que l’incarnation suprême de la beauté nous apparaît dans la nature, et il en conclut que l’objet suprême de l’art est de copier la nature : encore une conclusion qui se trouve en contradiction directe avec celles des esthéticiens postérieurs.

Nous passerons, si l’on veut bien, sur les successeurs immédiats de Baumgarten, Maier, Eschenburg, et Eberhard, qui n’ont fait que modifier légèrement la doctrine de leur maître en distinguant l’agréable d’avec le beau. Mais il convient de citer les définitions données par d’autres contemporains de Baumgarten, tels que Sulzer, Moïse Mendelssohn, et Moritz, qui, se mettant déjà en contradiction formelle avec lui, assignent pour objet à l’art non pas la beauté, mais la bonté. Pour Sulzer (1720-1777), par exemple, cela seul peut être considéré comme beau qui contient une part de bonté ; la beauté est ce qui évoque et développe le sentiment moral. Pour Mendelssohn (1729-1786), le seul but de l’art est la perfection morale. Ces esthéticiens détruisent de fond en comble la distinction établie par Baumgarten entre les trois formes du parfait, le vrai, le beau, et le bien ; ils rattachent le beau au vrai et au bien.