« Le Parnasse contemporain/1876/Vers extraits d’un poëme d’amour » : différence entre les versions

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<poem>

Comme nous revenions du Bois, un soir de mai,
Un de ces tièdes soirs où notre âme amollie
Se laisse aller au fil de la mélancolie,
Pour s’être trop mirée aux yeux de l’être aimé,

Elle s’assit, très-triste, au fond d’une causeuse ;
Et sur le velours sombre et vert, son front pâli
Ressortit lumineux dans un jour affaibli,
Le jour mystérieux et doux d’une veilleuse.

Selon son habitude elle était tout en noir,
Ayant mis, pour me plaire, une robe de soie,
Celle dont les froufrous me causaient tant de joie
Lorsque je l’entendais arriver chaque soir.

Ses bras sveltes sortaient des manches évasées
Et, de ses doigts fluets, des arômes subtils
S’exhalaient, comme font les parfums des pistils
— Et la lune parut à travers les croisées…

Ému, je pris sa main si blanche dans ma main,
Et je restai longtemps près de ma bien-aimée,
À ses genoux, qui sont la place accoutumée
Où souvent j’ai veillé jusques au lendemain.

Ses pieds de blonde frêle et de Parisienne,
Ainsi que des oiseaux farouches et tremblants,
Apparaissaient tapis sous un flot de volants,
Au milieu d’un fouillis de dentelle ancienne.

Et comme ses grands yeux profonds et langoureux
Semblaient poursuivre au loin quelque chimère étrange,
Je voulus qu’un baiser rappelât le cher ange
À la réalité tendre des amoureux.

Mais ses yeux, sous les cils qui sont leurs chastes voiles,
Ont fui l’ardeur de mon regard énamouré.
J’ai compris le refus à peine murmuré ;
— Ce soir-là nous avions regardé trop d’étoiles.

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Version du 13 février 2011 à 16:26

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 148-149).




VERS

EXTRAITS D’UN POEME D’AMOUR


Comme nous revenions du Bois, un soir de mai,
Un de ces tièdes soirs où notre âme amollie
Se laisse aller au fil de la mélancolie,
Pour s’être trop mirée aux yeux de l’être aimé,

Elle s’assit, très-triste, au fond d’une causeuse ;
Et sur le velours sombre et vert, son front pâli
Ressortit lumineux dans un jour affaibli,
Le jour mystérieux et doux d’une veilleuse.

Selon son habitude elle était tout en noir,
Ayant mis, pour me plaire, une robe de soie,
Celle dont les froufrous me causaient tant de joie
Lorsque je l’entendais arriver chaque soir.

Ses bras sveltes sortaient des manches évasées
Et, de ses doigts fluets, des aromes subtils
S’exhalaient, comme font les parfums des pistils
— Et la lune parut à travers les croisées…


Ému, je pris sa main si blanche dans ma main,
Et je restai longtemps près de ma bien-aimée,
A ses genoux, qui sont la place accoutumée
Où souvent j’ai veillé jusques au lendemain.

Ses pieds de blonde frêle et de Parisienne,
Ainsi que des oiseaux farouches et tremblants,
Apparaissaient tapis sous un flot de volants,
Au milieu d’un fouillis de dentelle ancienne.

Et comme ses grands yeux profonds et langoureux
Semblaient poursuivre au loin quelque chimère étrange,
Je voulus qu’un baiser rappelât le cher ange
A la réalité tendre des amoureux.

Mais ses yeux, sous les cils qui sont leurs chastes voiles,
Ont fui l’ardeur de mon regard enamouré.
J’ai compris le refus à peine murmuré ;
— Ce soir-là nous avions regardé trop d’étoiles.

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