« Imitation de Jésus-Christ/Livre 3/Chapitre 35 » : différence entre les versions

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<center>'''Que durant cette vie on n' est jamais en sureté contre les tentations.'''</center>
<center>'''Que durant cette vie on n’est jamais en sureté contre les tentations.'''</center>




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La vie est un torrent d' éternelles disgrâces ;
La vie est un torrent d’éternelles disgrâces ;
jamais la sûreté n' accompagne son cours :
jamais la sûreté n’accompagne son cours :
entre mille ennemis il faut que tu la passes ;
entre mille ennemis il faut que tu la passes ;
à la gauche, à la droite, il en renaît toujours :
à la gauche, à la droite, il en renaît toujours :
ce sont guerres continuelles,
ce sont guerres continuelles,
qui portent dans ton sein chaque jour mille morts,
qui portent dans ton sein chaque jour mille morts,
si tu n' es bien muni d' armes spirituelles
si tu n’es bien muni d’armes spirituelles
pour en repousser les efforts.
pour en repousser les efforts.
De leur succès douteux la juste défiance
De leur succès douteux la juste défiance
demande à ta vertu de vigoureux apprêts ;
demande à ta vertu de vigoureux apprêts ;
mais il te faut surtout l' écu de patience
mais il te faut surtout l’écu de patience
qui te dérobe entier aux pointes de leurs traits.
qui te dérobe entier aux pointes de leurs traits.
Que de tous côtés il te couvre,
Que de tous côtés il te couvre,
sans que par art ni force il puisse être enfoncé ;
sans que par art ni force il puisse être enfoncé ;
autrement tiens-toi sûr que pour peu qu' il s' entr' ouvre,
autrement tiens-toi sûr que pour peu qu’il s’entr’ouvre,
tu te verras soudain percé.
tu te verras soudain percé.
à moins qu' à mes bontés ton âme abandonnée
à moins qu’à mes bontés ton âme abandonnée
embrasse aveuglément ce que j' aurai voulu,
embrasse aveuglément ce que j’aurai voulu,
et qu' une volonté ferme et déterminée
et qu’une volonté ferme et déterminée
à tout souffrir pour moi te tienne résolu,
à tout souffrir pour moi te tienne résolu,
ne te promets point cette gloire
ne te promets point cette gloire
de pouvoir soutenir l' ardeur d' un tel combat,
de pouvoir soutenir l’ardeur d’un tel combat,
et d' emporter enfin cette pleine victoire
et d’emporter enfin cette pleine victoire
qui de mes saints fait tout l' éclat.
qui de mes saints fait tout l’éclat.
Tu dois donc, ô mon fils ! Franchir avec courage
Tu dois donc, ô mon fils ! Franchir avec courage
les plus affreux périls qui t' osent menacer,
les plus affreux périls qui t’osent menacer,
et d' une main puissante arracher l' avantage
et d’une main puissante arracher l’avantage
aux plus fiers escadrons qui te veuillent forcer.
aux plus fiers escadrons qui te veuillent forcer.
Je vois d' en haut tout comme père,
Je vois d’en haut tout comme père,
prêt à donner la manne au généreux vainqueur ;
prêt à donner la manne au généreux vainqueur ;
mais je réserve aussi misère sur misère
mais je réserve aussi misère sur misère
à quiconque manque de coeur.
à quiconque manque de cœur.
Si durant une vie où rien n' est perdurable,
Si durant une vie où rien n’est perdurable,
tu te rends amoureux de la tranquillité,
tu te rends amoureux de la tranquillité,
oseras-tu prétendre à ce calme ineffable
oseras-tu prétendre à ce calme ineffable
que gardent les trésors de mon éternité ?
que gardent les trésors de mon éternité ?
Quitte ces folles espérances,
Quitte ces folles espérances,
préfère à ces desirs les desirs d' endurer,
préfère à ces desirs les desirs d’endurer,
et sache que ce n' est qu' à de longues souffrances
et sache que ce n’est qu’à de longues souffrances
que ton coeur se doit préparer.
que ton cœur se doit préparer.
La véritable paix a des douceurs bien pures,
La véritable paix a des douceurs bien pures,
mais en vain sur la terre on pense l' obtenir :
mais en vain sur la terre on pense l’obtenir :
il n' est aucuns mortels, aucunes créatures,
il n’est aucuns mortels, aucunes créatures,
dont les secours unis y fassent parvenir.
dont les secours unis y fassent parvenir.
C' est moi, c' est moi seul qui la donne,
C’est moi, c’est moi seul qui la donne,
ne la cherche qu' au ciel, ne l' attends que de moi ;
ne la cherche qu’au ciel, ne l’attends que de moi ;
mais apprends qu' il t' en faut acheter la couronne
mais apprends qu’il t’en faut acheter la couronne
par les épreuves de ta foi.
par les épreuves de ta foi.
Les travaux, les douleurs, les ennuis, les injures,
Les travaux, les douleurs, les ennuis, les injures,
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ne se point rebuter de mille infirmités,
ne se point rebuter de mille infirmités,
accepter pour moi les rudesses,
accepter pour moi les rudesses,
l' humiliation, les affronts, les mépris,
l’humiliation, les affronts, les mépris,
prendre tout de ma main comme autant de caresses,
prendre tout de ma main comme autant de caresses,
c' en est le véritable prix.
c’en est le véritable prix.
C' est par de tels sentiers qu' enfin la patience
C’est par de tels sentiers qu’enfin la patience
à la haute vertu guide un nouveau soldat ;
à la haute vertu guide un nouveau soldat ;
c' est par cette fâcheuse et rude expérience
c’est par cette fâcheuse et rude expérience
qu' il trouve un diadème au sortir du combat.
qu’il trouve un diadème au sortir du combat.
Ainsi d' une peine légère
Ainsi d’une peine légère
la longue récompense est un repos divin,
la longue récompense est un repos divin,
et pour quelques moments de honte passagère
et pour quelques moments de honte passagère
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souvent les laissoient désolés.
souvent les laissoient désolés.
Mais dans ces mêmes maux qui sembloient sans limites,
Mais dans ces mêmes maux qui sembloient sans limites,
armés de patience, ils souffroient jusqu' au bout,
armés de patience, ils souffroient jusqu’au bout,
et s' assuroient bien moins en leurs propres mérites
et s’assuroient bien moins en leurs propres mérites
qu' en la bonté d' un dieu dont ils espéroient tout :
qu’en la bonté d’un dieu dont ils espéroient tout :
ils savoient bien, ces vrais fidèles,
ils savoient bien, ces vrais fidèles,
de quel immense prix étoit l' éternité,
de quel immense prix étoit l’éternité,
et que pour l' obtenir les gênes temporelles
et que pour l’obtenir les gênes temporelles
n' avoient point de condignité.
n’avoient point de condignité.
As-tu droit de vouloir dès les moindres alarmes,
As-tu droit de vouloir dès les moindres alarmes,
toi qui n' es en effet qu' ordure et que péché,
toi qui n’es en effet qu’ordure et que péché,
ce qu' en un siècle entier de travaux et de larmes
ce qu’en un siècle entier de travaux et de larmes
tant et tant de parfaits m' ont à peine arraché ?
tant et tant de parfaits m’ont à peine arraché ?
Attends que l' heure en soit venue,
Attends que l’heure en soit venue,
cette heure où tu seras visité du seigneur ;
cette heure où tu seras visité du seigneur ;
travaille en l' attendant, commence, et continue
travaille en l’attendant, commence, et continue
avec grand amour et grand coeur.
avec grand amour et grand cœur.
Ne relâche jamais, jamais ne te défie,
Ne relâche jamais, jamais ne te défie,
quelques tristes succès qui suivent tes efforts ;
quelques tristes succès qui suivent tes efforts ;
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Je rendrai tout avec usure ;
Je rendrai tout avec usure ;
je suis dans le combat sans cesse à tes côtés,
je suis dans le combat sans cesse à tes côtés,
et je reconnoîtrai ce que ton coeur endure
et je reconnoîtrai ce que ton cœur endure
par de pleines félicités.
par de pleines félicités.
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Version du 14 novembre 2012 à 16:54

- Livre 3 Chapitre 34 Imitation de Jésus-Christ - Livre 3 Chapitre 36


Que durant cette vie on n’est jamais en sureté contre les tentations.


La vie est un torrent d’éternelles disgrâces ;
jamais la sûreté n’accompagne son cours :
entre mille ennemis il faut que tu la passes ;
à la gauche, à la droite, il en renaît toujours :
ce sont guerres continuelles,
qui portent dans ton sein chaque jour mille morts,
si tu n’es bien muni d’armes spirituelles
pour en repousser les efforts.
De leur succès douteux la juste défiance
demande à ta vertu de vigoureux apprêts ;
mais il te faut surtout l’écu de patience
qui te dérobe entier aux pointes de leurs traits.
Que de tous côtés il te couvre,
sans que par art ni force il puisse être enfoncé ;
autrement tiens-toi sûr que pour peu qu’il s’entr’ouvre,
tu te verras soudain percé.
à moins qu’à mes bontés ton âme abandonnée
embrasse aveuglément ce que j’aurai voulu,
et qu’une volonté ferme et déterminée
à tout souffrir pour moi te tienne résolu,
ne te promets point cette gloire
de pouvoir soutenir l’ardeur d’un tel combat,
et d’emporter enfin cette pleine victoire
qui de mes saints fait tout l’éclat.
Tu dois donc, ô mon fils ! Franchir avec courage
les plus affreux périls qui t’osent menacer,
et d’une main puissante arracher l’avantage
aux plus fiers escadrons qui te veuillent forcer.
Je vois d’en haut tout comme père,
prêt à donner la manne au généreux vainqueur ;
mais je réserve aussi misère sur misère
à quiconque manque de cœur.
Si durant une vie où rien n’est perdurable,
tu te rends amoureux de la tranquillité,
oseras-tu prétendre à ce calme ineffable
que gardent les trésors de mon éternité ?
Quitte ces folles espérances,
préfère à ces desirs les desirs d’endurer,
et sache que ce n’est qu’à de longues souffrances
que ton cœur se doit préparer.
La véritable paix a des douceurs bien pures,
mais en vain sur la terre on pense l’obtenir :
il n’est aucuns mortels, aucunes créatures,
dont les secours unis y fassent parvenir.
C’est moi, c’est moi seul qui la donne,
ne la cherche qu’au ciel, ne l’attends que de moi ;
mais apprends qu’il t’en faut acheter la couronne
par les épreuves de ta foi.
Les travaux, les douleurs, les ennuis, les injures,
la pauvreté, le trouble et les anxiétés,
souffrir la réprimande, endurer les murmures,
ne se point rebuter de mille infirmités,
accepter pour moi les rudesses,
l’humiliation, les affronts, les mépris,
prendre tout de ma main comme autant de caresses,
c’en est le véritable prix.
C’est par de tels sentiers qu’enfin la patience
à la haute vertu guide un nouveau soldat ;
c’est par cette fâcheuse et rude expérience
qu’il trouve un diadème au sortir du combat.
Ainsi d’une peine légère
la longue récompense est un repos divin,
et pour quelques moments de honte passagère
je rends une gloire sans fin.
Cependant tu te plains sitôt que sans tendresse
je laisse un peu durer les tribulations ;
comme si ma bonté, soumise à ta foiblesse,
devoit à point nommé ses consolations !
Tous mes saints ne les ont pas eues,
alors que sur la terre ils vivoient exilés,
et dans leurs plus grands maux mes faveurs suspendues
souvent les laissoient désolés.
Mais dans ces mêmes maux qui sembloient sans limites,
armés de patience, ils souffroient jusqu’au bout,
et s’assuroient bien moins en leurs propres mérites
qu’en la bonté d’un dieu dont ils espéroient tout :
ils savoient bien, ces vrais fidèles,
de quel immense prix étoit l’éternité,
et que pour l’obtenir les gênes temporelles
n’avoient point de condignité.
As-tu droit de vouloir dès les moindres alarmes,
toi qui n’es en effet qu’ordure et que péché,
ce qu’en un siècle entier de travaux et de larmes
tant et tant de parfaits m’ont à peine arraché ?
Attends que l’heure en soit venue,
cette heure où tu seras visité du seigneur ;
travaille en l’attendant, commence, et continue
avec grand amour et grand cœur.
Ne relâche jamais, jamais ne te défie,
quelques tristes succès qui suivent tes efforts ;
redouble ta constance, expose et sacrifie
pour ma plus grande gloire et ton âme et ton corps.
Je rendrai tout avec usure ;
je suis dans le combat sans cesse à tes côtés,
et je reconnoîtrai ce que ton cœur endure
par de pleines félicités.