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les socialistes, et ils espéraient, grâce à la docilité qu’ils avaient constamment rencontrée dans le centre, conserver à leur suite assez de républicains pour former une majorité. Ils comptaient sur l’influence magique et si souvent éprouvée de certains mots, tels que ceux de péril clérical et d’alliance avec la réaction, pour maintenir fortement embrigadés avec eux les hésitans et les timides, toujours nombreux dans les assemblées. C’est sur des calculs, sur des espérances, sur des illusions de ce genre, que s’est formé le ministère radical de M. Bourgeois ; mais il n’a pu durer que six mois, et encore n’a-t-il duré aussi longtemps que grâce à la tolérance un peu naïve des modérés qui avaient voulu en l’aire une sorte d’essai loyal. C’est ce que M. Deschanel avait dit à la tribune le lendemain même de son installation, et ce que M. Méline a répété l’autre jour à Remiremont. M. Méline n’a pas voté de parti pris contre le ministère radical ; il n’était pas sans quelque confiance dans le caractère sympathique de son chef ; il espérait que M. Bourgeois saurait résister à certains entraînemens. Mais comment M. Bourgeois aurait-il pu le faire ? N’avait-il pas, par la force même des choses, partie liée avec les socialistes ? N’avait-il pas besoin d’eux ? N’était-il pas, dès lors, leur prisonnier ? On l’a bien vu lorsqu’il a présenté le projet d’impôt général et progressif sur le revenu, la première concession considérable qui leur ait été faite. A partir de ce moment, tous les nuages qui, pour quelques esprits, obscurcissaient encore la situation se sont dissipés. La scission entre les républicains radicaux désormais alliés des socialistes, et les républicains modérés heureusement rendus à eux-mêmes, s’est accomplie sans retour. Il n’était plus possible de les faire se rencontrer les uns et les autres dans une même combinaison ministérielle, parce qu’ils ne devraient plus se rencontrer dans une même majorité. Le fait était si évident qu’après leur chute du pouvoir les radicaux n’ont rien fait, au moins pendant les premiers temps, pour revenir à la concentration républicaine. Ils ont continué de la dénoncer et de la désavouer. Aujourd’hui, à la vérité, ils changent de langage à son égard ; ils en parlent de nouveau avec une certaine complaisance ; mais cela tient à deux motifs : le premier est qu’ils ont échoué dans leur entreprise et qu’ils se rendent de plus en plus, de mieux en mieux compte de la profondeur de leur échec ; le second est que les élections approchent, et qu’ils sentent fort bien l’inconvénient qu’il y aurait pour eux, après une campagne manquée ou avortée, à se présenter devant le pays la main dans la main des socialistes. Malgré tout le mal qu’on a dit, et qu’ils ont dit eux-mêmes, de la concentration républicaine, ils espèrent que ce vieux cliché produira