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duire sur-le-champ à terre avec la pirogue, après lui avoir dicté ma réponse à Tahofa. C'était de déclarer tout simplement à ce chef que du moment où les prisonniers seraient rendus à leur bord, toute hostilité cesserait de notre part, et que je quitterais même l'île sans délai.

À peine Martineng eut-il mis les pieds à terre, qu'il fut entouré de naturels qui semblaient l'interroger avidement sur le résultat de son message, et qui le conduisirent devant Tahofa. À quatre heures et demie, il reparut au bord de la mer, et s'avança jusqu'au récif : de là, il annonça au grand canot qui avait été envoyé au-devant de lui, que Simonnet et Reboul se trouvant pour le moment, absens de Mafanga, Tahofa avait envoyé à leur recherche, et qu'il me priait d'attendre encore jusqu'au lendemain matin, où tous les Français seraient renvoyés ensemble à leur bord.

On vit ensuite les naturels, pleins de confiance en ma promesse, circuler librement au-devant des remparts, et chercher les boulets enterrés dans le sable. J'étais émerveillé de voir ces hommes si perfides à notre égard, se confier d'une manière aussi naive à la parole que je venais de leur donner. Toutefois, pour la nuit, nous restâmes encore en branle-bas de combat, et la surveillance la plus sévère fut exercée par les officiers et les maîtres sur les moindres mouvemens des matelots.

Il semblait enfin devoir se réaliser l'unique espoir sur lequel je comptais, celui de voir les naturels divisés d'opinions et las du genre de guerre passif auquel ils se trouvaient réduits, se décider à relâcher leurs prisonniers. Il était vraiment temps que cela finît, car ma position devant Mafanga n'était plus tenable : une conversation que j'avais eue le matin avec Collinet, le maître d'équipage, m'avait démontré qu'il se trouvait à peine cinq ou six matelots sur lesquels je pusse compter ; tous les autres auraient passé avec joie du côté des sauvages !…

(20 mai.) Toute la nuit le vent avait encore soufflé avec violence à l'est, et les grains s'étaient succédés presque sans