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Si l’on jette en ce moment un coup d’œil général sur l’Europe, on est frappé du caractère d’indécision et d’incertitude qui se trahit à peu près partout. La conférence chargée de régler les dernières questions d’application auxquelles donne lieu l’exécution du traité du 30 mars 1856 vient de se réunir à Paris ; mais les incidens qui ont précédé cette réunion et surtout le conflit du Monténégro ne semblent point annoncer que le règlement définitif de la situation du gouvernement turc vis-à-vis des populations chrétiennes de l’empire soit un travail facile, et qui doive être promptement terminé. En Italie, les dernières discussions du parlement piémontais font naître d’étranges inquiétudes. Nous voulons bien faire la part des exagérations oratoires ; mais que signifient les instances avec lesquelles M. de Cavour réclame les fonds nécessaires aux fortifications maritimes de Gênes ? Le Piémont craint donc une guerre maritime ? Apparemment ce n’est point la marine autrichienne que redoute M. de Cavour. La guerre donc avec qui ? De l’autre côté de la Méditerranée, dans un pays plus excentrique, mais dont la France ne peut négliger de suivre les mouvemens, en Espagne, la session des cortès vient d’être prorogée avec une brusquerie et au milieu d’une confusion qui semblent devoir entraîner avant peu de nouvelles péripéties. En France, à défaut d’émotions politiques, l’opinion trouve un aliment malsain dans de regrettables incidens qui devraient demeurer dans la sphère des faits privés, et auxquels il est triste de voir prendre les proportions d’une préoccupation publique : elle s’inquiète d’un malaise financier et industriel dont la persistance est inexplicable ; elle reçoit avec une défiance peu dissimulée la mesure de la conversion en rentes des biens fonciers des établissemens de bienfaisance, conseillée par une récente circulaire ministérielle. En Angleterre enfin, où depuis quelques années les partis politiques traversent des transformations ou forment des combinaisons si imprévues, une lutte
Si l’on jette en ce moment un coup d’œil général sur l’Europe, on est frappé du caractère d’indécision et d’incertitude qui se trahit à peu près partout. La conférence chargée de régler les dernières questions d’application auxquelles donne lieu l’exécution du traité du 30 mars 1856 vient de se réunir à Paris ; mais les incidens qui ont précédé cette réunion et surtout le conflit du Monténégro ne semblent point annoncer que le règlement définitif de la situation du gouvernement turc vis-à-vis des populations chrétiennes de l’empire soit un travail facile, et qui doive être promptement terminé. En Italie, les dernières discussions du parlement piémontais font naître d’étranges inquiétudes. Nous voulons bien faire la part des exagérations oratoires ; mais que signifient les instances avec lesquelles M. de Cavour réclame les fonds nécessaires aux fortifications maritimes de Gênes ? Le Piémont craint donc une guerre maritime ? Apparemment ce n’est point la marine autrichienne que redoute M. de Cavour. La guerre donc avec qui ? De l’autre côté de la Méditerranée, dans un pays plus excentrique, mais dont la France ne peut négliger de suivre les mouvemens, en Espagne, la session des cortès vient d’être prorogée avec une brusquerie et au milieu d’une confusion qui semblent devoir entraîner avant peu de nouvelles péripéties. En France, à défaut d’émotions politiques, l’opinion trouve un aliment malsain dans de regrettables incidens qui devraient demeurer dans la sphère des faits privés, et auxquels il est triste de voir prendre les proportions d’une préoccupation publique : elle s’inquiète d’un malaise financier et industriel dont la persistance est inexplicable ; elle reçoit avec une défiance peu dissimulée la mesure de la conversion en rentes des biens fonciers des établissemens de bienfaisance, conseillée par une récente circulaire ministérielle. En Angleterre enfin, où depuis quelques années les partis politiques traversent des transformations ou forment des combinaisons si imprévues, une lutte

Version du 26 juin 2014 à 18:55

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

31 mai 1858.

Si l’on jette en ce moment un coup d’œil général sur l’Europe, on est frappé du caractère d’indécision et d’incertitude qui se trahit à peu près partout. La conférence chargée de régler les dernières questions d’application auxquelles donne lieu l’exécution du traité du 30 mars 1856 vient de se réunir à Paris ; mais les incidens qui ont précédé cette réunion et surtout le conflit du Monténégro ne semblent point annoncer que le règlement définitif de la situation du gouvernement turc vis-à-vis des populations chrétiennes de l’empire soit un travail facile, et qui doive être promptement terminé. En Italie, les dernières discussions du parlement piémontais font naître d’étranges inquiétudes. Nous voulons bien faire la part des exagérations oratoires ; mais que signifient les instances avec lesquelles M. de Cavour réclame les fonds nécessaires aux fortifications maritimes de Gênes ? Le Piémont craint donc une guerre maritime ? Apparemment ce n’est point la marine autrichienne que redoute M. de Cavour. La guerre donc avec qui ? De l’autre côté de la Méditerranée, dans un pays plus excentrique, mais dont la France ne peut négliger de suivre les mouvemens, en Espagne, la session des cortès vient d’être prorogée avec une brusquerie et au milieu d’une confusion qui semblent devoir entraîner avant peu de nouvelles péripéties. En France, à défaut d’émotions politiques, l’opinion trouve un aliment malsain dans de regrettables incidens qui devraient demeurer dans la sphère des faits privés, et auxquels il est triste de voir prendre les proportions d’une préoccupation publique : elle s’inquiète d’un malaise financier et industriel dont la persistance est inexplicable ; elle reçoit avec une défiance peu dissimulée la mesure de la conversion en rentes des biens fonciers des établissemens de bienfaisance, conseillée par une récente circulaire ministérielle. En Angleterre enfin, où depuis quelques années les partis politiques traversent des transformations ou forment des combinaisons si imprévues, une lutte