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Une étape de l’histoire de la Chine


La Chine a franchi une étape décisive de son histoire. Quoi qu’il arrive, l’ancien régime impérial, dont l’origine se perdait dans la nuit des temps mythiques, ne renaîtra plus. Si despotique que devienne la dictature de Yuan-Chekai elle n’aura ni le caractère, ni l’immuable solidité de l’antique monarchie du Fils du Ciel. Ainsi fut, toutes différences gardées, le pouvoir de Napoléon comparé à celui de Louis XVI. La génération actuelle a vu le commencement de la révolution chinoise ; il n’est pas certain qu’elle en voie la fin. « Le vieux système est à bout ; le nouveau n’est point assis [1]. » Avec la dictature de Yuan-Chekai et l’ordre relatif qu’elle établit, la Chine, après des péripéties dramatiques, atteint une sorte de plateau où elle semble devoir provisoirement s’arrêter. C’est le moment de mesurer le chemin parcouru, d’observer le sens de l’évolution commencée, d’étudier les répercussions que les événemens de Chine ont eues ou peuvent avoir sur la politique européenne.

Il faut toujours redire que les Chinois sont 430 millions, presque le quart de la race humaine ; sur quatre êtres humains il y a un Chinois ; la moindre secousse qui ébranle l’énorme masse, intéresse toutes les nations et modifie les conditions de la politique mondiale. La Russie n’est libre d’agir en Europe que dans la mesure où elle est assurée de la tranquillité de l’Asie ; Russie d’Asie, Russie d’Europe sont comme les deux ampoules d’un sablier, qui ne sauraient demeurer pleines

  1. Mot de Napoléon Ier que son neveu Louis-Napoléon a donné comme épigraphe à son fameux livre : les Idées napoléoniennes.