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— Marseille, 1837.
— Marseille,..... 1837.


J’ai accompli aujourd’hui ce que l’on peut appeler les corvées
J’ai accompli aujourd’hui ce que l’on peut appeler les corvées

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MÉMOIRES D’UN TOURISTE.

ans ; j’étais de bien loin leur aîné ; c’est un précepte que m’a donné M. Corral de Mexico de ne jamais m’associer en voyage avec des gens aussi vieux que moi. Le hasard avait tout fait, et je m’en suis fort bien trouvé ; jamais je ne vis de partie aussi gaie, et cette gaieté, qui allait jusqu’à la folie, ne cherchait nullement à plaire au voisin et à lui montrer de la considération.

Au retour, nous avons été témoins d’un usage bien gai. Quand un village doit donner un bal, qui s’appelle ici un train, il propose pour prix aux danseurs les plus intrépides des papiers rayés de bleu et de rouge, contenant cinq cents épingles, piquées comme on en voit chez les petits marchands, et il envoie, pour proclamer la fête et montrer les papiers d’épingles dans les villages voisins, deux de ses plus beaux jeunes gens, l’un jouant du tambourin et l’autre du fameux galoubet, à trois trous, et en outre deux de ses plus jolies filles.

Ceci me semble bien poétique pour être vrai ; il y a du plus ou du moins, comme on dit dans le Midi. Cependant nous avons vu cette ambassade de quatre personnes fonctionner au milieu de la rue. C’était dans un village à deux lieues de Marseille ; le joueur de galoubet et le tambourin faisaient un tapage perçant, et deux assez jolies filles, se promenant avec eux dans le milieu de la rue, montraient les papiers d’épingles.


— Marseille,..... 1837.

J’ai accompli aujourd’hui ce que l’on peut appeler les corvées du métier de touriste ; j’ai vu une fabrique de savon et un chaix ou fabrique de vins, en rive neuve. Avec du vin, du sucre, de la limaille de fer et quelques essences de fleurs, on fait ici des vins de tous les pays. Un personnage constitué en dignité m’a assuré que dans le chaix l’on n’emploie ni litharge ni autres substances malfaisantes : je crois peu à ces assurances.

Je suis monté à Notre-Dame de la Garde, rocher aride et assez élevé, où jadis les dévots du pays outragèrent un buste de Napoléon et massacrèrent quelques pauvres vieux mameluks