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Bruxelles. Votre lettre formera la division IV. Je crois que vous trouverez le tout bien arrangé ainsi.

Ce volume en somme, bien que composé de documents et de pièces, me paraît, par son enchaînement, avoir un certain intérêt.

Je renvoie aux notes sous le titre post-scriptum de l’incident belge, le fait des tableaux de Victor et le simulacre d’instruction contre lequel vous avez lu sans doute ma protestation.

Est-il vrai que l’état de siège durera autant que l’absence de l’Assemblée ?

Si dans ma lettre, à vous deux adressée, et qui résume avec quelques développements tout ce que je vous ai écrit pendant la Commune, vous trouviez des choses dangereuses au point de vue de la pseudo-liberté de la presse qui sévit en ce moment, avertissez-moi. Ne voulant pas être jugé sous la république par les juges impériaux, je ne veux pas de procès, et je mettrais des points, je m’exilerais plutôt que de me laisser traduire devant ces gens-là ; je ne dois paraître devant la magistrature de Bonaparte que comme juge. Je l’ai dit, je dois le faire.

À vous ex imo[1].


À Jean Aicard[2].


Altwies, près Mondorf, 18 7bre 1871.

J’ai tout reçu, la lettre et le livre. Cher poëte, vous êtes une âme douce et haute, et vous avez traduit votre âme dans ce pathétique livre à deux versants, Rébellions et Apaisements. Vous méritiez de faire ce beau et profond vers qui résume toute la famille des poëtes :

Les inspirés du Beau, les indignés du mal.

Vous êtes indigné parce que vous êtes inspiré. Je crois, au rebours de mon grand Juvénal, que c’est l’inspiration qui fait l’indignation. Les cœurs médiocres ignorent les grandes colères.

J’ai lu votre livre, si riche en émotions vraies puissamment dites ; je le relirai. Je le porterai à Paris où je vais rentrer, moins applaudi que l’an passé, mais plus fier. Oui, j’ai bien fait ; je le sais. Vous le savez aussi, vous, noble poëte, grand cœur. Vous sentez bien, vous tous, généreux esprits, que je

  1. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  2. Inédite.