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présent, nos ailes sont lassées ; nous allons tomber dans l’abîme, si un doigt ne nous retient. Tous les mâts sont rentrés dans le port ; toutes les villes sont fermées. Nous avons mendié chez les rois de la terre : « Donnez-nous, rois de la terre, un brin d’herbe pour nous y reposer. Donnez-nous dans vos royaumes une branche de bois sèche pour nous y asseoir une heure. » Pas un d’eux n’a pu trouver, chez lui, ni brin d’herbe, ni branche sèche. Les vallées tremblent ; les sommets frémissent comme un feuillage d’automne.
présent, nos ailes sont lassées ; nous allons tomber dans l’abîme, si un doigt ne nous retient. Tous les mâts sont rentrés dans le port ; toutes les villes sont fermées. Nous avons mendié chez les rois de la terre : « Donnez-nous, rois de la terre, un brin d’herbe pour nous y reposer. Donnez-nous dans vos royaumes une branche de bois sèche pour nous y asseoir une heure. » Pas un d’eux n’a pu trouver, chez lui, ni brin d’herbe, ni branche sèche. Les vallées tremblent ; les sommets frémissent comme un feuillage d’automne.


<center> MATER CASTISSIMA </center>
MATER CASTISSIMA : Ne craignez rien non plus : dans la tour du ciel, je vous ferai un nid de soie, au coin de ma fenêtre.


Ne craignez rien non plus : dans la tour du ciel, je vous ferai un nid de soie, au coin de ma fenêtre.
CHŒUR DES MONTAGNES : Comme un troupeau de cavales sauvages qui s’éveillent au jour et soulèvent leurs cheveux de leur front, si un bruit leur arrive, ainsi nos croupes et nos flancs se sont dressés sous le fouet des tempêtes. Notre crinière est faite de forêts, la corne de nos pieds est faite de marbre blanc ; l’arçon de notre selle et le mors de notre bouche sont de nuage doré ; notre écume est un fleuve qui blanchit notre frein ; et nos naseaux, quand l’aiguillon nous éperonne, vomissent leur lave dans l’Océan. Tous les dieux, l’un après l’autre, ont passé sur nos sommets. De leurs trésors, nous n’avons gardé, Seigneur, que votre croix pour couvrir notre cime dans l’orage. Par nos petits sentiers, nous avons monté jour et nuit pour prendre dans nos coupes les fleuves et les fontaines. Chaque soir, nous avons enfermé, dans le fond de nos grottes, les brises embaumées et les parfums d’été que nous cueillions le jour. Pour vous plaire, chaque hiver, nous avons roulé sur nos têtes nos neiges entassées ; et nous avons gémi, au fond de nos volcans, comme un homme qui s’endort oppressé, dans son lit, sous le poids de votre nom.


<center>CHŒUR DES MONTAGNES </center>
VOIX DU MONT-BLANC : J’ai mené paître devant moi mes génisses blanches : les montagnes des Alpes sont mes blanches génisses ; leurs cornes sont de neige ; elles secouent sur leurs têtes les nuages d’hiver, comme une touffe d’herbe fauchée. Pour taches sur leurs flancs, elles ont trois forêts de sapins noirs ; leurs mamelles sont de cristal ; leur queue balaie mon chemin, En mugissant sous le vent et sous la bise, elles

Comme un troupeau de cavales sauvages qui s’éveillent au jour et soulèvent leurs cheveux de leur front, si un bruit leur arrive, ainsi nos croupes et nos flancs se sont dressés sous le fouet des tempêtes. Notre crinière est faite de forêts, la corne de nos pieds est faite de marbre blanc ; l’arçon de notre selle et le mors de notre bouche sont de nuage doré ; notre écume est un fleuve qui blanchit notre frein ; et nos naseaux, quand l’aiguillon nous éperonne, vomissent leur lave dans l’Océan. Tous les dieux, l’un après l’autre, ont passé sur nos sommets. De leurs trésors, nous n’avons gardé, Seigneur, que votre croix pour couvrir notre cime dans l’orage. Par nos petits sentiers, nous avons monté jour et nuit pour prendre dans nos coupes les fleuves et les fontaines. Chaque soir, nous avons enfermé, dans le fond de nos grottes, les brises embaumées et les parfums d’été que nous cueillions le jour. Pour vous plaire, chaque hiver, nous avons roulé sur nos têtes nos neiges entassées ; et nous avons gémi, au fond de nos volcans, comme un homme qui s’endort oppressé, dans son lit, sous le poids de votre nom.

<center>VOIX DU MONT-BLANC </center>

J’ai mené paître devant moi mes génisses blanches : les montagnes des Alpes sont mes blanches génisses ; leurs cornes sont de neige ; elles secouent sur leurs têtes les nuages d’hiver, comme une touffe d’herbe fauchée. Pour taches sur leurs flancs, elles ont trois forêts de sapins noirs ; leurs mamelles sont de cristal ; leur queue balaie mon chemin, En mugissant sous le vent et sous la bise, elles

Version du 8 février 2016 à 09:53

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présent, nos ailes sont lassées ; nous allons tomber dans l’abîme, si un doigt ne nous retient. Tous les mâts sont rentrés dans le port ; toutes les villes sont fermées. Nous avons mendié chez les rois de la terre : « Donnez-nous, rois de la terre, un brin d’herbe pour nous y reposer. Donnez-nous dans vos royaumes une branche de bois sèche pour nous y asseoir une heure. » Pas un d’eux n’a pu trouver, chez lui, ni brin d’herbe, ni branche sèche. Les vallées tremblent ; les sommets frémissent comme un feuillage d’automne.

MATER CASTISSIMA

Ne craignez rien non plus : dans la tour du ciel, je vous ferai un nid de soie, au coin de ma fenêtre.

CHŒUR DES MONTAGNES

Comme un troupeau de cavales sauvages qui s’éveillent au jour et soulèvent leurs cheveux de leur front, si un bruit leur arrive, ainsi nos croupes et nos flancs se sont dressés sous le fouet des tempêtes. Notre crinière est faite de forêts, la corne de nos pieds est faite de marbre blanc ; l’arçon de notre selle et le mors de notre bouche sont de nuage doré ; notre écume est un fleuve qui blanchit notre frein ; et nos naseaux, quand l’aiguillon nous éperonne, vomissent leur lave dans l’Océan. Tous les dieux, l’un après l’autre, ont passé sur nos sommets. De leurs trésors, nous n’avons gardé, Seigneur, que votre croix pour couvrir notre cime dans l’orage. Par nos petits sentiers, nous avons monté jour et nuit pour prendre dans nos coupes les fleuves et les fontaines. Chaque soir, nous avons enfermé, dans le fond de nos grottes, les brises embaumées et les parfums d’été que nous cueillions le jour. Pour vous plaire, chaque hiver, nous avons roulé sur nos têtes nos neiges entassées ; et nous avons gémi, au fond de nos volcans, comme un homme qui s’endort oppressé, dans son lit, sous le poids de votre nom.

VOIX DU MONT-BLANC

J’ai mené paître devant moi mes génisses blanches : les montagnes des Alpes sont mes blanches génisses ; leurs cornes sont de neige ; elles secouent sur leurs têtes les nuages d’hiver, comme une touffe d’herbe fauchée. Pour taches sur leurs flancs, elles ont trois forêts de sapins noirs ; leurs mamelles sont de cristal ; leur queue balaie mon chemin, En mugissant sous le vent et sous la bise, elles