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inscrit un privilège. Reste qu’à côté des droits de tous ils ont inscrit le droit de quelques-uns. Reste qu’ils ont dit quelque chose comme ceci : « La liberté et la propriété sont des droits également sacrés ; seulement l’un sera le droit des hommes et l’autre le droit seulement des propriétaires. » Reste qu’ils auraient dû intituler leur acte : « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en général et des propriétaires en particulier. » Reste que dans une déclaration des « droits naturels » ils ont inscrit un droit qui n’est qu’un privilège social. Reste aussi qu’ils ont prêté, eux, partisans de la propriété privilégiée, un prétexte très honnête à ceux qui viendraient dire : « D’après les Déclarations, la propriété est un droit naturel comme la liberté et la sûreté. Donc tous les hommes ont droit à être propriétaires comme à être libres, et ce ne sont pas les propriétaires qui ont un droit sur leur propriété, c’est tout le monde qui a un droit de propriété sur la leur. »

La vérité est que Constituants et Conventionnels avaient l’idée de deux droits, qu’ils n’ont pas su distinguer et définir chacun à part, c’est à savoir : 1° du droit qu’a le propriétaire de garder sa propriété sans que personne, sauf nécessité générale, la lui puisse enlever ; 2° du droit qu’a n’importe qui à devenir propriétaire par son travail et son industrie. — Dans leur pensée la propriété est bien un droit de tous, et c’est pour cela qu’ils l’ont inscrite