« Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/21 » : différence entre les versions

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jour elle répondit
Un jour elle répondit avec une fierté toute cornélienne
à une femme qui l’avait priée de lui
avec une fierté toute cornélienne à une femme qui
l’avait priée de lui montrer ses chiffons et ses
montrer ses chiffons et ses bijoux, et qui, étonnée
bijoux, et qui, étonnée de cette simplicité excessive,
de cette simplicité excessive, lui demandait
lui demandait comment elle faisait les jours
comment elle faisait les jours de gala et de cérémonie :
de gala et de cérémonie :


J’ôte ma robe et je défais mon peigne.
« J’ôte ma robe, et je défais mon peigne. »


Ce soir-là, elle avait sa robe de velours noir
Ce soir-là, elle avait sa robe de velours noir
posée sur la peau sans chemise et sans corset : elle
posée sur la peau sans chemise et sans corset :
était, en demi-toilette.
elle était en demi-toilette.


Pour Arabelle, je ne sais trop qu’en dire, sinon
Pour Arabelle, je ne sais trop qu’en dire, sinon
que c’était une charmante femme. Une grâce
que c’était une charmante femme. Une
souveraine arrondissait tous ses mouvements, et ses
grâce souveraine arrondissait tous ses mouvements,
gestes étaient si doux, si harmonieusement filés,
et ses gestes étaient si doux, si harmonieusement
qu’ils avaient quelque chose de rythmique et de musical.
filés, qu’ils avaient quelque chose
de rythmique et de musical.


C’était la Parisienne par excellence : on ne pouvait
C’était la Parisienne par excellence : on ne
pas dire qu’elle fût précisément belle, et
pouvait pas dire qu’elle fût précisément belle,
cependant elle avait dans toute sa personne un
et cependant elle avait dans toute sa personne
ragoût si irritant et si hautement épicé de minauderies
un ragoût si irritant et si hautement épicé de
et de façons particulières, que ses amants
minauderies et de façons particulières, que ses
eux-mêmes eussent soutenu qu’il n’y avait pas au
amants eux-mêmes eussent soutenu qu’il n’y
monde une femme d’une beauté plus parfaite.
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plus parfaite.


Un nez un peu capricieux, des yeux d’une
Un nez un peu capricieux, des yeux d’une
grandeur médiocre, mais étincelants d’esprit ; une
grandeur médiocre, mais étincelants d’esprit ;
bouche légèrement sensuelle, des joues d’un rose
une bouche légèrement sensuelle, des joues d’un
timide encadrées dans des touffes soyeuses de
rose timide encadrées dans des touffes soyeuses
cheveux châtains, lui faisaient le minois le plus
de cheveux châtains, lui faisaient le minois le
adorablement mutin qu’on puisse imaginer. Pour
plus adorablement mutin qu’on puisse imaginer.

Version du 19 juin 2016 à 19:00

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Un jour elle répondit avec une fierté toute cornélienne à une femme qui l’avait priée de lui montrer ses chiffons et ses bijoux, et qui, étonnée de cette simplicité excessive, lui demandait comment elle faisait les jours de gala et de cérémonie :

« J’ôte ma robe, et je défais mon peigne. »

Ce soir-là, elle avait sa robe de velours noir posée sur la peau sans chemise et sans corset : elle était en demi-toilette.

Pour Arabelle, je ne sais trop qu’en dire, sinon que c’était une charmante femme. Une grâce souveraine arrondissait tous ses mouvements, et ses gestes étaient si doux, si harmonieusement filés, qu’ils avaient quelque chose de rythmique et de musical.

C’était la Parisienne par excellence : on ne pouvait pas dire qu’elle fût précisément belle, et cependant elle avait dans toute sa personne un ragoût si irritant et si hautement épicé de minauderies et de façons particulières, que ses amants eux-mêmes eussent soutenu qu’il n’y avait pas au monde une femme d’une beauté plus parfaite.

Un nez un peu capricieux, des yeux d’une grandeur médiocre, mais étincelants d’esprit ; une bouche légèrement sensuelle, des joues d’un rose timide encadrées dans des touffes soyeuses de cheveux châtains, lui faisaient le minois le plus adorablement mutin qu’on puisse imaginer.