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sor public fournissait avec profusion, des sommes de vingt mille gourdes par an, à chacune de ses concubines, dont on en peut compter au moins une vingtaine, pour soutenir un luxe effréné qui faisait en même temps la honte du gouvernement et insultait à la misère publique.

L’empire des lois ne fut pas non plus respecté. Une constitution faite par ordre de l’empereur, uniquement pour satisfaire à ses vues, dictée par le caprice et l’ignorance, rédigée par ses secrétaires, et publiée au nom des généraux de l’armée qui n’ont non-seulement, jamais ni approuvé ni signé cet acte informe et ridicule, mais encore n’en eurent connaissance que lorsqu’elle fut rendue publique et promulguée[1]. Les lois réglementaires formées sans plans et sans combinaisons, et toujours pour satisfaire plutôt à une passion que pour régler les intérêts des citoyens, furent toujours violées et foulées aux pieds par le monarque lui-même. Aucune loi protectrice ne garantissait le peuple contre la barbarie du souverain ; sa volonté suprême entraînait un citoyen au supplice, sans que ses amis et ses parens en pussent connaître les causes. Aucun frein, enfin, n’arrêtait la férocité de ce tigre altéré du sang de ses semblables ; aucune représentation nepouvait rien sur ce cœur barbare, pas même les sollicitations de sa vertueuse épouse dont nous admirons tous les rares qualités.

Les ministres dont la constitution (si cet acte peut être qualifié de ce nom) avait déterminé les fonctions, ne purent jamais les exercer pour le bonheur du peuple ; leurs plans et leurs représentations furent toujours ridiculisés et rejetés avec mépris ; leur zèle pour le bien public en général, et pour celui de l’armée en particulier, fut par conséquent paralysé[2].

La culture, cette première branche de la fortune publique et particulière, n’était point encouragée, et les ordres du chef ne tendaient

  1. Voilà un passage qui confirme ce que m’a dit le général Bonnet ; et je ne conçois pas qu’il ait pu dire à M. Madiou, que quelques généraux seulement n’avaient pas signé la constitution ; que cet auteur affirme lui-même que la plupart y avaient apposé leurs signatures. Que la gazette officielle de 1805 ait porté leurs noms à tous, elle n’a fait que reproduire ce qui est dans l’acte même ; que les généraux l’aient fait publier avec solennité, cela ne prouve pas qu’ils en furent les auteurs, ni qu’ils l’approuvèrent, qu’ils le signèrent.
  2. Allusion faite aux plans incessamment produits par Gérin, et ridiculisés par B. Tonnerre, Mentor, J. Chanlatte et d’autres : ce qui irritait Gérin contre eux, car Des salines en riait aussi.