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terre n’a pas de valeur. Elle en acquiert quelquefois une fort grande dès qu’un travail social s’y applique. Ainsi, à Winnehayo, où le chemin de fer du Minnesota méridional a une de ses stations, la terre qui, déjà exploitée, ne valait, il y a quelques années, que 87 à 125 francs l’hectare est montée en 1879 à 500 ou 575 francs. C’est le travail social qui est la cause de cette plus-value.
terre n’a pas de valeur. Elle en acquiert quelquefois une fort grande dès qu’un travail social s’y applique. Ainsi, à Winnehayo, où le chemin de fer du Minnesota méridional a une de ses stations, la terre qui, déjà exploitée, ne valait, il y a quelques années, que 87 à 125 francs l’hectare est montée en 1879 à 500 ou 575 francs. C’est le travail social qui est la cause de cette plus-value.


À l’exemple des États-Unis et du Canada, faut-il joindre celui de l’Australie ? D’abord, dans cette contrée la terre fut donnée pour rien, l’émigration était alors subventionnée, et cependant les émigrants n’affluaient pas. A partir de 1831, on renonça au régime des concessions pour adopter avec quelques modifications le système américain. On vendit les terres aux enchères sur la mise à prix de 5 shellings l’acre, soit environ 16 francs l’hectare le prix moyen, par suite des auctions, montait à 7 ou 8 shellings l’acre, soit à 18 ou 20 francs l’hectare. A partir de 1838, le gouvernement voulut tirer plus de ressources de ses domaines en haussant les prix ; la mise à prix fut de 12 shellings l’acre, soit 37 fr. 50 l’hectare. La quantité de terres vendues diminua et l’émigration se ralentit. Plus tard, de 1851 à 1860, la colonisation ayant reçu une grande impulsion de la découverte des mines d’or, la vente des terres domaniales se fit au prix uniforme de 20 shellings l’acre ou 50 francs l’hectare<ref>Voir notre ouvrage : ''De la colonisation chez les peuples modernes'' (p. 434). Paris, Guillaumin, éditeur, 1874.</ref>. Étaient-ce là des terres absolument vierges de travail social ? Non, certes. C’étaient des terres arpentées, cadastrées, alloties, situées le long des rivières ou à proximité des routes et des marchés que le travail, de l’homme avait créés. On ne vendait pas à ce prix les terres de l’intérieur, et nous ne parlons pas ici de celles du centre du continent australien, mais simplement de celles qui se trouvaient un peu moins à proximité des villages ou des villes. Ainsi on accordait et l’on accorde encore aux ''squatters'' pour les bestiaux une superficie que l’on appelle un ''run'', un parcours, qui consiste en 640 acres de terres ou 260 hectares, moyennant une redevance annuelle de 10 livres
À l’exemple des États-Unis et du Canada, faut-il joindre celui de l’Australie ? D’abord, dans cette contrée la terre fut donnée pour rien, l’émigration était alors subventionnée, et cependant les émigrants n’affluaient pas. À partir de 1831, on renonça au régime des concessions pour adopter avec quelques modifications le système américain. On vendit les terres aux enchères sur la mise à prix de 5 shellings l’acre, soit environ 16 francs l’hectare le prix moyen, par suite des auctions, montait à 7 ou 8 shellings l’acre, soit à 18 ou 20 francs l’hectare. À partir de 1838, le gouvernement voulut tirer plus de ressources de ses domaines en haussant les prix ; la mise à prix fut de 12 shellings l’acre, soit 37 fr. 50 l’hectare. La quantité de terres vendues diminua et l’émigration se ralentit. Plus tard, de 1851 à 1860, la colonisation ayant reçu une grande impulsion de la découverte des mines d’or, la vente des terres domaniales se fit au prix uniforme de 20 shellings l’acre ou 50 francs l’hectare<ref>Voir notre ouvrage : ''De la colonisation chez les peuples modernes'' (p. 434). Paris, Guillaumin, éditeur, 1874.</ref>. Étaient-ce là des terres absolument vierges de travail social ? Non, certes. C’étaient des terres arpentées, cadastrées, alloties, situées le long des rivières ou à proximité des routes et des marchés que le travail, de l’homme avait créés. On ne vendait pas à ce prix les terres de l’intérieur, et nous ne parlons pas ici de celles du centre du continent australien, mais simplement de celles qui se trouvaient un peu moins à proximité des villages ou des villes. Ainsi on accordait et l’on accorde encore aux ''squatters'' pour les bestiaux une superficie que l’on appelle un ''run'', un parcours, qui consiste en 640 acres de terres ou 260 hectares, moyennant une redevance annuelle de 10 livres

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terre n’a pas de valeur. Elle en acquiert quelquefois une fort grande dès qu’un travail social s’y applique. Ainsi, à Winnehayo, où le chemin de fer du Minnesota méridional a une de ses stations, la terre qui, déjà exploitée, ne valait, il y a quelques années, que 87 à 125 francs l’hectare est montée en 1879 à 500 ou 575 francs. C’est le travail social qui est la cause de cette plus-value.

À l’exemple des États-Unis et du Canada, faut-il joindre celui de l’Australie ? D’abord, dans cette contrée la terre fut donnée pour rien, l’émigration était alors subventionnée, et cependant les émigrants n’affluaient pas. À partir de 1831, on renonça au régime des concessions pour adopter avec quelques modifications le système américain. On vendit les terres aux enchères sur la mise à prix de 5 shellings l’acre, soit environ 16 francs l’hectare le prix moyen, par suite des auctions, montait à 7 ou 8 shellings l’acre, soit à 18 ou 20 francs l’hectare. À partir de 1838, le gouvernement voulut tirer plus de ressources de ses domaines en haussant les prix ; la mise à prix fut de 12 shellings l’acre, soit 37 fr. 50 l’hectare. La quantité de terres vendues diminua et l’émigration se ralentit. Plus tard, de 1851 à 1860, la colonisation ayant reçu une grande impulsion de la découverte des mines d’or, la vente des terres domaniales se fit au prix uniforme de 20 shellings l’acre ou 50 francs l’hectare[1]. Étaient-ce là des terres absolument vierges de travail social ? Non, certes. C’étaient des terres arpentées, cadastrées, alloties, situées le long des rivières ou à proximité des routes et des marchés que le travail, de l’homme avait créés. On ne vendait pas à ce prix les terres de l’intérieur, et nous ne parlons pas ici de celles du centre du continent australien, mais simplement de celles qui se trouvaient un peu moins à proximité des villages ou des villes. Ainsi on accordait et l’on accorde encore aux squatters pour les bestiaux une superficie que l’on appelle un run, un parcours, qui consiste en 640 acres de terres ou 260 hectares, moyennant une redevance annuelle de 10 livres

  1. Voir notre ouvrage : De la colonisation chez les peuples modernes (p. 434). Paris, Guillaumin, éditeur, 1874.